Des députés et élus ultramarins condamnent les propos de Gérald Darmanin

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Des députés et élus ultramarins condamnent les propos de Gérald Darmanin

Plusieurs députés ultramarins et élus ont condamné ce vendredi 3 février des propos du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin, qu'ils accusent de «révisionnisme historique» concernant l'histoire de l'esclavage dans les Outre-mer.

 

«C'est la République française qui a aboli l'esclavage (...) on demande donc (aux territoires ultramarins) d'aimer la République», avait déclaré jeudi le ministre lors d'un colloque organisé par l'hebdomadaire Le Point. «Il y a aux Antilles, en Guyane, un sentiment identitaire, de réaction, qui mérite d'être entendu mais qui (...) ne mérite pas d'être entendu comme la Nouvelle-Calédonie a le mérite d'être entendue parce que ce n'est pas la même histoire», avait-il ajouté.

«Au relativisme moral des puissances colonisatrices, persuadées d'apporter culture et savoir aux populations dont elles brimaient les capacités d'autodétermination en même temps qu'elles tuaient leur puissance créatrice, semble avoir succédé une forme nouvelle de révisionnisme historique», ont réagi vendredi 18 députés élus ultramarins dans un communiqué.

«Si l'histoire coloniale est en effet plurielle dans sa réalisation, elle est une dans ses causes et dans ses conséquences actuelles : les outre-mer demeurent le pur produit de l'expansionnisme, restent envisagés comme des relais de puissance et d'influence, et sont tributaires de prismes nationaux car constamment ramenés à leurs vertus géostratégiques», ont-ils poursuivi.

L'abolition de l'esclavage est «le résultat de la résistance constante des esclaves, contraints d'arracher leur liberté là où les décisions de la République mentionnée par Gérald Darmanin tardaient à être proclamées, et plus encore, à être appliquées», insistent les députés ultramarins.

«C'est cette même République qui maintient nos territoires d'outre-mer dans un état de sous-développement chronique et qui passe quasiment systématiquement sous silence les outre-mer dans les projets de loi présentés au Parlement, dessaisissant progressivement ce dernier de ses prérogatives», ajoutent-ils.

La nouvelle loi de programmation militaire est «dotée de centaines de milliards d'euros destinés notamment à renforcer les forces dites de souveraineté en outre-mer», regrettent ces élus, alors que les membres du gouvernement «détournent sciemment le regard lorsqu'il s'agit d'assurer des conditions de vie (et de retraite) décentes aux populations des territoires qui lui assurent son rang de deuxième puissance maritime mondiale».

Didier Laguerre, maire de Fort-de-France également réagi aux propos du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer. Dans un communiqué, le maire de Fort-de-France fait part de propos méprisant et ajoutant que « la République n'a pas accordé toute seule l'abolition de l’esclavage»

Le président de la Collectivité territoriale de Guyane Gabriel Serville condamne avec  «fermeté » les propos tenus par le Ministre de l'Intérieur, qui insulte notre intelligence collective et bafoue notre dignité». « Ce qu'il a dit  aussi bien sur l'esclavage et sur la demande faite des élus sur le changement du cadre statutaire et institutionnelle dépasse l'entendement». Sur ce sujet, le Président de la Collectivité territoriale de Guyane a indiqué que lors de la tenue du comité de pilotage, qu'il inviterait les membres du COPIL, les maires et les parlementaires de Guyane à adopter une position. « On ne peut pas laisser passer de tels propos sans savoir de réaction qui va consister à demander que nous soyons respectés dans ce que nous faisons».

Pour l'heure, il n'y aurait pas d'excuses du côté du Ministère de l'Intérieur et des Outre-mer qui selon l'entourage y « verrait une manoeuvre politique des élus de gauche».

Avec AFP