Changement climatique : « Une réalité que nous vivons », répond à Trump un dirigeant des Caraïbes

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Changement climatique : « Une réalité que nous vivons », répond à Trump un dirigeant des Caraïbes

Poliment mais fermement, le Premier ministre des minuscules îles de Saint-Christophe-et-Niévès, dans les Caraïbes, répond à Donald Trump que les terres rognées par la mer et les algues invasives ne sont ni imaginaires, ni une arnaque.

« Chacun a la possibilité de s'exprimer », dit Terrance Drew à l'AFP lors d'un entretien à New York, en marge d'un sommet climatique organisé par le secrétaire général de l'ONU. Mais pour ses 45 000 concitoyens, « ce n'est pas un sujet de discussion, c'est une réalité que nous vivons ».

« Donc, j'inviterais les gens à venir (...) voir ce à quoi nous devons faire face », ajoute le dirigeant. Première chose à voir : les sargasses, ces algues brunes toxiques appelées sargasses, qui prolifèrent dans les eaux chaudes et « ternissent la beauté de nos plages », dit Terrance Drew. « C'est seulement avec le changement climatique accéléré que nous voyons cela, et cela menace notre pilier économique le plus important : le tourisme. »

Autres menaces : les ouragans arrivent plus tôt dans la saison et deviennent plus puissants, plus destructeurs. La montée du niveau de la mer « emporte notre littoral », poursuit Terrance Drew. Les changements de précipitations perturbent l'approvisionnement en eau douce et donc l'agriculture et la consommation courante. 

Ces problèmes sont communs à toutes les Caraïbes. La mer, qui a longtemps nourri l'économie et la culture, menace désormais leur survie, ou en tout cas les forcent à changer.

Partir ? 

Rol-J Williams, un étudiant en médecine et militant climatique de 25 ans, est également à New York pour cette semaine du climat en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Le dérèglement du climat, pour lui, c'est l'érosion sur la plage derrière sa maison, et les pêcheurs qui quittent leurs villages.

« Les Caraïbes ne sont pas qu'une destination touristique. C'est une région durement frappée par le changement climatique », dit-il. Huit millions d'habitants des Caraïbes pourraient avoir à déménager de façon permanente d'ici le milieu du siècle à cause des changements climatiques, selon un rapport du centre de l'ONU pour les mobilités climatiques.

« Traditionnellement, les destinations de la région ont beaucoup été les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, et cela devrait rester le cas », explique Sarah Rosengaertner, autrice principale du rapport. Les solutions existent mais coûtent cher. Sarah Rosengaertner souligne que les pays de la région ont besoin de beaucoup plus de soutien pour, par exemple, financer l'énergie pour dessaler l'eau de mer, ou construire des maisons qui résistent mieux aux ouragans.

Le Premier ministre de Saint-Christophe-et-Niévès (Saint-Kitts-et-Nevis) prévoit, lui, de développer l'énergie géothermique, grâce à un fonds climatique de l'ONU, ainsi que le solaire, qui peut générer de l'électricité moins chère qu'avec des énergies fossiles.

Mais « personne ne reçoit de financements climatiques à hauteur des promesses faites », regrette-t-il. Alors combien d'habitants partiront ? Deshawn Browne, une avocate et militante de 28 ans venue de l'île voisine Antigua, fait « partie de ceux qui ne veulent pas du tout partir ». « Je ne suis pas contre, si j'y suis obligée (...) mais voyons ce que nous pouvons faire pour l'éviter », dit-elle.

Avec AFP