EXPERTISE. Santé : Comment éviter la surchauffe de notre système immunitaire grâce aux plantes d’Outre-mer par le docteur Suzie Zozio

EXPERTISE. Santé : Comment éviter la surchauffe de notre système immunitaire grâce aux plantes d’Outre-mer par le docteur Suzie Zozio

La rédaction d’Outremers360 lance, en cette période de pandémie liée au Covid-19, sa rubrique expertise Santé avec Suzie Zozio, docteur Biochimie spécialisée en Science des aliments en Guadeloupe. Suzie Zozio met en avant l’apport des plantes médicinales bien connues en Outre-mer pour « éviter la surchauffe du système immunitaire » et « limiter les inflammations destructrices » que provoque le Covid. « C’est donc une solution naturelle, simple et économique qui permet aux populations des Outre-mer de lutter efficacement contre les épidémies virales ».

La COVID-19 nous a démontré à quel point notre système immunitaire pouvait paniquer et se retourner contre nos propres cellules.  Au niveau des poumons, le virus est rapidement reconnu par nos sentinelles de l’immunité. Ce sont des globules blancs qui peuvent être de différents types comme les macrophages ou encore les cellules dentritiques qui ont la particularité d’avoir des sortes de pseudopodes, un peu comme les pieuvres, leur permettant ainsi de détecter un très grand nombre d’éléments pathogènes.

En réalité, cette première ligne de défense, encore appelée immunité innée, est immédiate mais non spécifique. En effet, en réponse à la détection de l’agent pathogène, les macrophages produisent des molécules pro-inflammatoires appelées cytokines. Ces dernières génèrent une inflammation nécessaire à la destruction du virus mais qui doit être contrôlée par des molécules anti-inflammatoires pour éviter que le système immunitaire ne s’emballe.

Représentation d'une cellule dentritique

Représentation d’une cellule dentritique

Cependant, plus le virus est virulent, plus la réponse est violente… Le SRAS-CoV-2 a déclenché une tempête de cytokines, principalement dans les poumons entraînant un stress oxydatif et des lésions pulmonaires aiguës à des degrés variables. C’est pour cela que certaines personnes ont développé un syndrome de détresse respiratoire aiguë suivi d’une défaillance d’organes multiples puis fatalement la mort.

En d’autres termes, le système immunitaire met le feu pour détruire un agent pathogène mais doit aussi pouvoir l’éteindre pour éviter la « surchauffe ». Le système immunitaire doit donc être régulé, ajusté et éduqué dès la naissance. Toutefois, certaines stratégies peuvent être mise en place afin de permettre à notre corps de développer une tolérance immunitaire pour limiter les inflammations destructrices. Une de ces stratégies réside dans nos plantes médicinales.

En Outre-mer, nous avons la culture de la tisane. C’est une pratique qui se perpétue de génération en génération.

Prenons par exemple l’atoumo (Alpinia zerumbet). Connue de tous les jardins créoles, cette plante est utilisée traditionnellement dans le traitement de la grippe. Elle pousse également dans les régions tropicales et subtropicales du monde et est largement utilisée en médecine populaire depuis des centaines d’années, au Brésil, au Japon, en Chine et en Inde pour traiter efficacement les maux d’estomac, l’inconfort du système digestif, les troubles hypertensifs et cardiovasculaires.

La recherche scientifique a montré que l’Alpinia zerumbet renfermait d’extraordinaires propriétés antioxydantes, anti microbiennes, antivirales, ant icancéreuses, anti- inflammatoires et anxiolytiques. En effet, une large gamme de composés phytochimiques ayant ces effets biologiques a été isolée des feuilles mais aussi des fleurs, graines et des rhizomes : des huiles essentielles, des flavonoïdes et des polyphénols.

Alpinia zerumbet

Alpinia zerumbet

Dans la même famille (les Zingibéracées), deux autres plantes aromatiques s’inscrivent dans nos pratiques : le gingembre et le curcuma pour leurs vertus antimicrobiennes et anti-inflammatoires notamment. Ce sont des plantes aromatiques contenant à la fois des composés volatils constituant l’huile essentielle et des composés non volatils, dont l’oléorésine (goût piquant ou amer) ainsi que des polyphénols.

La synergie des molécules de ces 3 plantes dans une tisane à raison de 40 grammes dans 1,5 litre d’eau permettrait de soutenir la fonction immunitaire grâce à la présence de molécules antivirales et antimicrobiennes, de calmer la réponse inflammatoire grâce aux molécules anti-inflammatoires et de limiter le stress oxydatif grâce notamment aux molécules antioxydantes. Les Zingibéracées sont une famille diversifiée, qui comprend 49 genres et 1200 espèces. C’est ainsi que l’on retrouve plusieurs variétés de curcuma telles que le Curcuma amada, encore appelé gingembre-mangue à La Réunion car sa saveur rappelle celle de la mangue.

Curcuma amada

Curcuma amada

Toutefois, d’autres familles de plantes telles que les Lamiacées aux arômes envoûtants ou encore les Verbénacées aux vertus anxiolytiques sont également bien représentées dans nos jardins créoles. Une pharmacie naturelle à portée de main… C’est donc une solution naturelle, simple et économique qui permet aux populations des Outre-mer de lutter efficacement contre les épidémies virales.

La recette

Faites bouillir dans 1 litre d’eau pendant 10 min, 10 g de feuille d’Alpinia zerumbet, 10 g de rhizome de gingembre, 10 g de rhizome de curcuma. Laissez infuser avec 10 g de fleurs d’Alpinia zerumbet jusqu’au refroidissement. Filtrez puis complétez avec de l’eau jusqu’à 1,5 litres.  Boire 3 tasses par jour.

Docteur Suzie Zozio

-Docteur en biochimie spécialisée en science des aliments
-Fondatrice du laboratoire EUBYOSE
-Fondatrice de la marque d’aliments santé KALOUKAERA FOOD
-Créatrice du magazine KRISALYDE, les sciences décodées pour votre santé
-Responsable des programmes SANTÉ PEYI

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