Mayotte : Un recensement des migrants du stade de Cavani a débuté mercredi

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Mayotte : Un recensement des migrants du stade de Cavani a débuté mercredi

Alors que cela fait un mois qu’au moins 200 personnes dorment à même le sol du boulevard longeant le stade de Cavani, à Mamoudzou, la préfecture de Mayotte a lancé un recensement, ce mercredi matin. Une opération ayant pour but de trouver une issue aux différentes situations des migrants. Un sujet de partenaire Mayotte Hebdo.

De 200 la veille, ils sont près de 400 ce mercredi matin, aux abords du stade de Cavani, à Mamoudzou. « Ce n’est pas juste, ils vont prendre notre place, c’est à nous d’être recensés, c’est nous qui dormons ici depuis un mois », tonne Marie*, une réfugiée de la République démocratique du Congo, depuis une des barrières qui bloque l’entrée du parking. 

Depuis 8h, la préfecture de Mayotte a lancé un recensement afin de trouver une solution à celles et ceux qui dorment dans la rue depuis la fin du démantèlement du camp du stade, il y a un mois, et l’information s’est propagée aux réfugiés et demandeurs d’asile espérant également trouver une solution. « Est-ce que c’est pour un logement ? », demande une des femmes qui attend dans la foule.

La tension monte vers 9h15, et certains migrants renversent les barrières, empressés de pouvoir être recensés. Le gaz lacrymogène ne se fait pas attendre, et les toux commencent à se faire entendre. « On ne commencera pas tant qu’il n’y aura pas le calme », entend-on du côté des forces de l’ordre, qui ont mobilisé une trentaine de policiers et certains du Raid, venus en renfort.

Les cris passés, les personnes commencent à pouvoir entrer dix par dix sur le parking, après avoir montré leurs papiers d’identité, en direction des tonnelles dressées où les associations leur demandent leur nom et numéro étranger. Du côté des services de l’État, on nous indique que cette opération a lieu afin de trouver une issue pour chaque personne, car « on ne peut pas laisser les gens comme ça ».

Néanmoins, on comprend que les réfugiés n’auront pas, cette fois-ci, droit à un billet d’avion pour l’Hexagone, contrairement à ce qu’il s’est fait pour évacuer le stade, lors de son démantèlement, achevé le 22 mars. On nous explique également que les personnes en situation irrégulière sur le territoire feront l’objet d’une reconduite à la frontière.

« On n’a nulle part où aller »

Si certains migrants étaient plein d’espoir de bientôt quitter la rue, le passage au bureau des associations les a fait déchanter. « Ils ont pris nos noms, et puis quoi après ? Je vais encore dormir ici cette nuit », déplore une des femmes qui sort du parking, appréhendant de passer une nuit de plus sans toit, au risque de se faire agresser. Depuis lundi, plusieurs migrants affirment qu’ils n’ont plus accès à la rivière Massimoni où ils allaient se servir en eau, bloqués par « des délinquants ». « Ils veulent qu’on meure de soif. Nous, on n’a nulle part où aller », lâche Issa, présent depuis quatre mois à Mayotte.

Car la tension monte à Cavani. Dans la nuit de dimanche à lundi, les locaux de l’association Solidarité Mayotte, qui vient en aide aux demandeurs d’asile, ont vu une façade être incendiée. La nuit suivante, ce sont toutes les affaires de personnes campant à proximité qui ont été prises pour cible par les flammes. « On tient, mais ça devient compliqué », nous confie un des salariés de l’association présent sur le parking du stade. Son directeur, Sébastien Denjean, au vu du nombre de personnes présentes ce mercredi, ne sait pas si la journée suffira : « Si, il faut revenir demain, nous serons là ».

Marine Gachet pour Mayotte Hebdo