Polynésie : Une délégation indépendantiste à l’ONU pour défendre la mise en place d'un processus de décolonisation

Polynésie : Une délégation indépendantiste à l’ONU pour défendre la mise en place d'un processus de décolonisation

La décolonisation : un objectif que poursuit, inlassablement, le parti indépendantiste de Polynésie, Tavini Huira’atira. Mené par son leader historique Oscar Temaru, il participera, cette semaine à la réunion de la 4e commission de l’ONU, chargée des questions de décolonisation. Un rendez-vous que préparent activement les cadres du parti depuis quelques semaines. Reportage de notre partenaire TNTV.

Composition de la délégation, contenu des discours, ordre de passage des intervenants… Les cadres du Tavini Huira’atira préparent leur prochain déplacement à l’ONU, et ont prévu de s’y rendre en nombre, « a priori entre 25 et 30 personnes », annonce Richard Tuheiava, membre du parti. « On ne partira pas dans le même avion. (…) La session commence le 4 octobre et finit le 10. Et normalement la question de la Polynésie française devrait être évoquée les premiers jours ».

C’est au QG du parti, dans la ville de Faa’a administrée par Oscar Temaru, que les cadres du parti élaborent ensemble leurs interventions. Fort de ses trois députés, le parti indépendantiste espère que son message sera davantage pris en compte par l’État. « Tous les ans on y va. On a réussi à se réinscrire (sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser, ndlr) et d’un autre côté, on entend l’État français qui ne participe pas aux discussions. Je suis déçu que l’État français accepte de négocier quand il y a du sang qui coule. Mais quand c’est dans le respect de la loi et de la démocratie, il nie le processus », estime Tematai Le Gayic, élu député en juin dernier.

Mi-septembre, le chef de l’État était au siège de l’ONU pour l’Assemblée générale des Nations Unies. Il s’est exprimé sur la question Russe. « Ce à quoi nous assistons depuis le 24 février est un retour à l’âge des impérialismes et des colonies », a estimé le Président de la République. Des déclarations qui ont fait réagir le plus jeune député de l’assemblée nationale : « ici on se pose la question de la légitimité de ce combat, on se pose la question de la légitimité des Nations unies mais on le voit puisque le Président de la République fait le déplacement, utilise la tribune des Nations unies. Nous, nous pensons que la France continue à perpétuer cet impérialisme en Polynésie ». 

Cette année encore, Hinamoeura Cross, militante anti-nucléaire atteinte d’une leucémie, interviendra sur les 30 années d’essais français en Polynésie et leurs conséquences : « je trouve ça toujours anormal que nos Polynésiens soient obligés d’être évasanés en France. Ils sont des milliers. Qu’on ne reconnaisse pas les enfants malades… Soi-disant les maladies radio-induites s’arrêtent à partir de 1998 alors que c’est faux et que c’est reconnu dans d’autres pays les victimes des essais nucléaires ». L’Église protestante et l’association 193, également anti-nucléaires, devraient aussi se joindre à la délégation.

« Je vois tout le monde partir à l’ONU aujourd’hui … », remarque le leader indépendantiste Oscar Temaru, qui souligne que dans les années 70, parler de nucléaire devant les instances internationales n’était pas si simple. « En 1978 j’avais 34 ans. On faisait des manifestations contre le nucléaire ici. Et on s’est retrouvé à Fidji, invités par les Églises du Pacifique avec les Kanak, les Japonais de Hiroshima, Nagasaki. Et là est venue l’idée d’aller à New York demander le soutien de la communauté internationale (…) À l’époque il ne fallait rien dire sur les essais nucléaires (…) Tout était muselé, la presse … », se souvient-il.

Il y a 9 ans, le 18 mai 2013, la Polynésie était réinscrite sur la liste onusienne des pays à décoloniser. Si depuis, la visite d’une délégation de l’ONU en Polynésie se fait attendre, Oscar Temaru reste confiant. Côté gouvernement local, le président autonomiste Édouard Fritch qui avait fait le déplacement l’an dernier, ne se rendra pas aux Nations Unies pour cette session. Il sera remplacé par un de ses ministres, René Temeharo.

TNTV