Polynésie : Le sort des salariés de Sabena Technics évoqué par la ministre des Armées à l’Assemblée nationale

Polynésie : Le sort des salariés de Sabena Technics évoqué par la ministre des Armées à l’Assemblée nationale

Interrogée par le député (GDR) de Polynésie Moetai Brotherson, la ministre des Armées a évoqué l’avenir des salariés de la société Sabena Technics, jusqu’ici chargée de la maintenance des Falcon Gardian de la Marine en Polynésie, alors que le Ministère des Armées a choisi une offre concurrente menaçant ainsi « 40 à 67 » emplois locaux. 

Les salariés polynésiens de la société Sabena Technics sont dans l’attente depuis que la maintenance des Falcon Gardian de la Marine, basés en Polynésie, a été confiée à un concurrent du secteur. Depuis début mai, les 95 salariés de Sabena en Polynésie sont en grève alors qu’un plan de licenciement de 67 salariés pour raison économique a été posé sur la table d’un Comité d’entreprise extraordinaire, le 9 juin dernier. Les salariés ont par ailleurs déposé deux recours en référé pour obliger le nouveau titulaire du contrat, à reprendre les employés, ont rapporté nos partenaires de Radio 1 Tahiti. 

Devant l’Assemblée nationale, le député de Polynésie a dit être surpris que « l’État ait accordé sa préférence pour un contrat de maintenance des Falcon en Polynésie à une société suisse à capitaux américains, plutôt qu’à Sabena basée en Occitanie et bien française ». « Cet appel d’offre a été morcelé en deux parties, de sorte qu’aujourd’hui nous allons retrouver dans un même hangar, deux sociétés, avec des matériels stratégiques, qui vont faire de la maintenance », a-t-il poursuivi. En effet, outre les Falcon, un autre appel d’offre concerne les CASA. 

« Ce sont 40 à 67 Polynésiens qui vont, demain, se retrouver sans travail. Rapporté à l’échelle nationale, c’est l’équivalent de 10 à 15 000 personnes », a martelé le député. « Est-ce que vous avez bien pesé les tenants et aboutissants de ce dossier ? ». 

« L’offre de Sabena Technics a été de loin la moins bonne » a justifié la ministre Florence Parly qui explique : « La performance de Sabena était de 3,5 sur 10 quand son concurrent obtient 9,5 sur 10 ». « Notre choix, c’est celui de la garantie apportée par la société Jet Aviations que nous connaissons très bien puisque c’est elle qui assure la maintenance des Falcon gouvernementaux », poursuit-elle. 

« Entre une société française qui a 25 ans d’expérience dans le contexte spécifique de la maintenance d’avions en Polynésie et une société qui n’a jamais mis les pieds en Polynésie, je ne m’étonne pas que d’un côté on vous propose 20 personnes et qu’on ait donc 9 sur 10, alors que d’autres qui ont l’expérience vous disent qu’il faut faire le travail avec 67 personnes », a répondu le député. 

Concédant « l’inquiétude légitime » pour les salariés de la société, Florence Parly a assuré que « l’emploi et l’activité resteront localisés comme actuellement sur le site de Faa’a et sur le site de La Tontouta » en Nouvelle-Calédonie. « Aucune activité ne sera donc réalisée hors de France ». « Pour ce qui concerne la reprise des emplois, le président du groupe Sabena Technics est en charge de mener ces négociations et Jet Aviations a déjà reçu une trentaine de candidatures locales et a démarré les entretiens d’embauche ». « Nous serons très attentifs à la poursuite de ces négociations », a insisté la ministre. 

Dans sa réponse à la ministre, le député a fait un parallèle avec l’opération militaire de grande envergure, “Heifara”, actuellement menée en Polynésie. « Dans deux jours, ce sera champagne et petits fours pour 170 personnes qui l’auront bien mérité, qui ont participé à l’exercice Heifara (…). Il faut s’en féliciter ! Mais à 100m de là, vous aurez 67 Polynésiens sans travail », a-t-il ironisé. 

Selon la presse locale, le repreneur Jet Aviations refuserait de reprendre les contrats de travail et le président du groupe Sabena, Philippe Rochet, laissait entendre, lors d’une confrontation houleuse avec les salariés de Sabena le 10 juin dernier, que leur mobilisation ne permettra pas de sauver les emplois menacés de licenciement. « Vous l'avez démarré trop tard, votre mouvement », avait-il lancé.