La mairie d’Hiva Oa a lancé de grands travaux pour être la première commune des Marquises à proposer de l’eau potable, toute l’année, quelle que soit la météo, à une partie de ses administrés. Pour éviter les grandes dépenses liées à un forage, une longue tranchée drainante a été creusée dans la montagne, et une station compacte et modulable doit être installée en fin d’année sur les hauteurs du village. Un chantier qui vise à remplir les obligations du CGCT et à ouvrir de nouvelles opportunités dans le développement économique et touristique. Détails avec notre partenaire Radio 1.
Pour parler d’eau potable, comme sur tant d’autres sujets, à Hiva Oa, on cite Brel : « Gémir n’est pas de mise aux Marquises ». La Terre des hommes aurait pourtant, en la matière, de quoi se plaindre : une ressource en eau rare en saison sèche, boueuse en saison des pluies… Et 0% d’eau régulièrement potable au robinet. Jusqu’à maintenant du moins.
Tranchée drainante et station compacte
Car Hiva Oa veut « prendre ses responsabilités », et commencer à assumer les obligations du Code général des collectivités publiques (CGCT), dont l’application formelle est sans cesse repoussée au fenua, et que seules 9 communes remplissent aujourd’hui, côté eau potable. Dès 2020, a donc été lancé un grand programme destiné à faire de l’île la première de l’archipel à fournir de l’eau potable à ses habitants. Du moins ceux de son village, Atuona. Sur ses hauteurs montagneuses, une longue tranchée drainante a été creusée pour capter et commencer à filtrer les eaux de ruissellement. 7 km de canalisations plus loin, des plateaux terrassés sont prêts à accueillir de larges cuves et surtout une « unité compact décentralisée » (UCD), usine en « plug and play » qui potabilisera l’eau par traitement physico-chimique. Une station très compacte, modulable, pilotable à distance, et qui va être livrée et installée par la Polynésienne des eaux en toute fin d’année. Les premières carafes certifiées potable devraient pouvoir être remplies au robinet début 2026.
Comme le rappelle le député Moerani Frébault, fils de la hakaiki mais surtout, ancien DGS de la commune, Hiva Oa a fait le choix d’éviter les investissements trop coûteux – et donc les forages, qui imposent une forte consommation électrique – et les installations trop techniques qui pèseraient sur le fonctionnement de ses services. « Ce qui a été fait, c’est le choix du durable, du bas carbone », résume Jean-Michel Gros de H20 ingénierie.
La mairie a aussi choisi un dimensionnement largement supérieur aux besoins des quelque 1 800 habitants de Atuona. Pour prévoir le développement démographique – un souhait permanent aux Marquises – mais surtout le développement touristique. La potabilisation, c’est « un des facteurs importants », avec l’inscription de l’archipel à l’Unesco et certains projets d’infrastructures comme le centre d’art des Marquises ou le nouveau marché déjà en construction à Atuona, qui doit participer à cet essor.
Les Marquises inspirent jusqu’à Mayotte ?
Des choix qui ont été salués par Manuel Valls, qui s’est prêté au jeu de la dégustation de l’eau à la sortie du robinet, pour l’instant épuré grâce à un « démonstrateur » de la Polynésienne des eaux. Les explications de la filiale locale de Suez sur les intérêts des « UCD » du groupe, déjà installées à Moorea, Tetiaroa ou Fidji, avec, pour certaines, moins de deux semaines entre la livraison et la mise en opération, semblent avoir retenu l’attention du ministre. Il faut dire que son mandat a commencé quelques jours après le passage du cyclone Chido sur Mayotte, et que le réseau d’eau de l’île de l’Océan Indien a toujours besoin d’une importante reconstruction. Des marchés ont été lancés, précise le ministre d’État, mais cette présentation marquisienne pourrait inspirer des solutions d’intérim en attendant l’aboutissement des grands travaux qui sont prévus sur place.
Par Radio 1