Nouvelle-Calédonie : Gérald Darmanin en équilibriste entre indépendantistes et non-indépendantistes

©DICOM / Ministère de l'Intérieur et des Outre-mer

Nouvelle-Calédonie : Gérald Darmanin en équilibriste entre indépendantistes et non-indépendantistes

Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et le ministre chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, ont poursuivi ce mardi leur visite en Nouvelle-Calédonie, en s'entretenant avec les formations politiques non-indépendantistes et indépendantistes. Un exercice d'équilibriste pour le locataire de la place Beauvau, « à l'écoute » des partenaires politiques calédoniens pour trouver un chemin pour l'avenir de l'archipel.

« Les loyalistes se sont positionnés sur la vision d'avenir avec l'élaboration d'un titre définitif dans la Constitution française » et « sur une relation stabilisée avec la France » a expliqué Sonia Backès, secrétaire d'État à la Citoyenneté, présidente de la province Sud et du parti Les Républicains Calédoniens. « On a également donné des clés de ce qui nous semble important pour mettre d'accord indépendantistes et non-indépendantistes », a-t-elle ajouté, citant notamment les « perspectives économiques » sur le nickel.

Le député Nicolas Metzdorf (Renaissance, Génération NC) a salué un « ministre à l'écoute qui cherche à comprendre la société calédonienne », quand l'élue du Congrès calédonien et membre du Rassemblement-LR Virginie Ruffenach, souligne la volonté de « cap au sein de la République française » et l'« importance de la Nouvelle-Calédonie pour la France dans la Région ». Son parti se dit prêt à « accompagner l'État pour la construction d'une solution d'avenir pour tous les Calédoniens ».

« Tant que les indépendantistes et l'État n'auront pas purger ce qui les opposent (…) on arrivera pas à passer à la seconde étape, c'est-à-dire les tripartites qui permettront d'aboutir à un consensus local préalable à un consensus nationale qui nous permettra de modifier la Constitution de la République, et ensuite, saisir les Calédoniens dans le cadre d'un référendum de projet », a estimé pour sa part Philippe Gomes, du parti Calédonie ensemble, qui s'est engagé à « une bilatérale avec les indépendantistes et l'État, préalable et nécessaire aux discussions tripartites ».

Du côté des indépendantistes, le porte-parole du Palika, Jean-Pierre Djaïwé, s'est dit « agréablement surpris de savoir que l'État est dans un esprit de partenaire, d'ouverture, et que tous les sujets peuvent être discutés ». Il assure que son parti prend compte des trois non à l'indépendance aux trois référendums, mais que « l'autodétermination » reste un droit garanti par la Constitution. Le porte-parole du Palika semble ouvert à un nouveau statut respectant l'esprit de l'accord de Nouméa et « qui continue dans le sens de la décolonisation » pour « aboutir à l'indépendance ».

Réunions bilatérales après le congrès du FLNKS

L'Union populaire mélanésienne (UPM) s'est dite « toujours dans la perspective de l'accession à la pleine souveraineté » et refuse encore les résultats du dernier référendum, a déclaré Victor Tutugoro, président du parti, saluant un Gérald Darmanin « à l'écoute » mais qui « reste ministre de la République française ». « Nous sommes venus dire notre état d'esprit : constructif, ouvert, mais fermement sur l'objectif du combat politique » a ajouté Victor Tutugoro, qui assure vouloir « continuer cette discussion ensemble ».

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« Discussions ardues » pour l'Union calédonienne qui souligne tout de même une « bonne surprise » de la part de son interlocuteur : « indiquer le calendrier que nous avons préconisé est accepté par l'État, à savoir que ce temps de bilatérale sera ouvert à l'issue du congrès du FLNKS et du congrès populaire du mois de janvier ou février prochain (…) et surtout, nous allons préparer convenablement en amont l'ordre du jour de ces bilatérales », a expliqué Gilbert Tyuienon.

L'Union calédonienne refuse toujours les résultats du troisième et dernier référendum d'autodétermination du 12 décembre, « une date d'humiliation pour le peuple kanak », et qui a « brisée la confiance » entre État et indépendantistes. S'il estime « que l'Etat a pris partie en faveur du mouvement loyaliste calédonien », le parti assure être « toujours dans le temps du dialogue » et « demandeur des bilatérales avec l'État colonial (…), pour parler de décolonisation » et « du bilan de l'Accord de Nouméa ».

Se disant ni indépendantiste, ni loyaliste, le parti qui se veut porte-parole de la très importante communauté wallisienne et futunienne installée en Nouvelle-Calédonie a, lui aussi, été invité à la résidence du Haut-commissaire à Nouméa pour échanger avec les ministres. « On a exprimé notre vision de l'avenir sur le long terme » et « le court terme » a déclaré Milakulo Tukumuli, président de l'Éveil océanien. « On est resté sur des échanges axés sur la méthode. Savoir comment on arrive à ramener les uns et les autres autour de la table » a-t-il poursuivi, souhaitant « aider (...) le ministre de l'Intérieur, à repartir de la Nouvelle-Calédonie avec une bonne vision et une bonne méthode pour ce qui lui restera à accomplir ».

Les ministres Gérald Darmanin et Jean-François Carenco, qui ne se sont pas exprimés à l'issue de ces entretiens, poursuivent leur visite mercredi dans le nord calédonien, à la rencontre de Paul Néaoutyine, président de la province. Les ministres sont aussi attendus aux mines de Népoui, toujours dans le nord, pour une séquence consacrée au nickel, principale richesse de l'archipel.