Depuis la Polynésie, l’Ifremer va fêter « 50 ans d’études océaniques » dans le Pacifique

Le site de l'Ifremer à Vairao, en Polynésie française ©Ifremer / Heivini Le Gléau / Kotaha

Depuis la Polynésie, l’Ifremer va fêter « 50 ans d’études océaniques » dans le Pacifique

Implanté en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie, l’Ifremer va fêter ce mardi, depuis son site de Vairao sur l’île de Tahiti, « 50 ans d’études océaniques » dans le Pacifique. L’événement aura notamment lieu en présence du président polynésien Édouard Fritch.

Depuis un demi-siècle, l’Ifremer est ancré dans l’océan Pacifique, grâce à ses deux implantations en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie, ainsi qu’à la capacité de projection de la Flotte océanographique qu’il opère dans la région, a rappelé l’institut dans un communiqué. « Par ses recherches et l’appui scientifique à l’activité socio-économique locale, l’Ifremer s’est imposé comme un partenaire référent dans le domaine des sciences et techniques marines, tant pour les collectivités régionales que pour les partenaires internationaux du plus grand océan du monde », poursuit l’Ifremer. 

« Que ce soit dans le cadre de ses recherches en aquaculture, sur les huîtres perlières ou sur la préservation des écosystèmes coralliens, la force du centre Ifremer du Pacifique repose sur ses collaborations étroites avec les acteurs publics et privés locaux et sur l’appui scientifique qu’il apporte au développement de l’économie bleue de ces territoires », déclare François Houllier, PDG de l’Ifremer. « L’océan est un bien commun que nous apprenons à connaître et à comprendre pour mieux le protéger tout en exploitant ses ressources de manière la plus durable possible. Ce défi, nous ne le relevons pas seuls mais en partenariat avec nos partenaires de la zone Pacifique ».

En Polynésie, les recherches menées au Centre Ifremer du Pacifique, situé dans le district de Vairao au sud de Tahiti, reposent sur trois grands enjeux. Le premier concerne la diversification des productions aquacoles à travers « des recherches sur l’huître perlière, la crevette et le platax, et (…) l’élevage de nouvelles espèces pour développer des filières aquacoles : huître de roche (pour la consommation), nouvelles espèces de poissons, holothuries et oursins ». 

Le second enjeu concerne l’ « adaptabilité des espèces aux changements globaux ». « En Polynésie, la température de l’eau de mer varie peu au cours de l’année. Dans la perspective du changement climatique, les scientifiques étudient les mécanismes d’adaptation biologique mis en jeu par ces espèces dans le but d’aider à la sélection des espèces et des populations aquacoles les mieux à même de supporter les conditions climatiques des prochaines décennies ».  

Un bénitier, mollusque commun du Pacifique sud ©Ifremer / O. Dugornay

Enfin, l’Ifremer s’implique sur la « réduction des impacts de l’aquaculture sur l’environnement ». « Les scientifiques s’intéressent aux impacts environnementaux des pratiques aquacoles. Il peut s’agir de la contamination par les plastiques d’origine perlicole ou encore de la contamination par les élevages en lagon. Ils veulent ainsi produire des indicateurs de pollution (en appui aux politiques publiques) et développent des approches de bio-remédiation pour limiter les rejets environnementaux de l’aquaculture », explique l’Ifremer. 

Après toutes ces années d’existence, l’Ifremer est également partenaire d’institutions locales, notamment la Direction des ressources marines, son « partenaire privilégié sur le territoire et pour le territoire ». « Nous œuvrons ensemble pour permettre aux filières aquacoles qui sont essentielles à l’économie locale, d’améliorer leurs pratiques, de se diversifier et de diminuer leurs impacts sur l’environnement toujours dans un esprit de recherche collaborative. Nous mettons à disposition de nos partenaires nos plateformes expérimentales et hébergeons même sur notre site de jeunes entreprises polynésiennes », explique Philippe Moal, directeur du Centre Ifremer du Pacifique.

En outre, l’Ifremer a aussi noué des liens avec d’autres organismes locaux ou nationaux, tels que l’Université de la Polynésie française (UPF), le CNRS, l’Institut Louis Malardé (ILM), l’IRD, l’École Pratique des Hautes Études (EPHE), l’Université de Perpignan (UPVD) et l’Université de Californie-Berkeley. Ensemble, ils forment le consortium « Recherche enseignement supérieur innovation pour la Polynésie » (RESIPOL), dont l’Ifremer est membre fondateur. Ce consortium « a permis de réunir les compétences et les forces de recherche du territoire pour répondre à des appels à projets ambitieux et travailler sur des problématiques essentielles pour l’innovation et pour l’avenir et le développement économique de la Polynésie » ajoute Guillaume Mitta, responsable de l’unité Ressources marines de l’Ifremer.

Une flotte océanique pour le Pacifique

La flotte de l’Ifremer est utilisée prioritairement pour effectuer des recherches et des observations dans tous les domaines de l’océanographie : géosciences marines, océanographie physique et biologique, bio-géochimie et chimie des océans, paléoclimatologie, biodiversité marine...

Si plus de la moitié des campagnes océanographiques est réalisée dans les eaux atlantiques et méditerranéennes, environ 20% de l’activité de la Flotte océanographique française est effectuée dans l’océan Pacifique. Le dispositif déployé par la flotte dans le Pacifique repose ainsi sur l’Atalante (85 mètres), navire hauturier présent sur zone en moyenne une année sur quatre, et sur l’Alis présent en permanence. 

L'Antéa, qui remplacera l'Alis à la fin de l'année ©Éric Chaumillon

Basé en Nouvelle-Calédonie depuis 1985, l’Alis sera remplacé vers la mi-décembre 2022, par l’Antéa qui ralliera le Pacifique depuis l’Hexagone, via l’océan Indien. Ce navire de recherche pluridisciplinaire de 35 mètres a, tout comme l’Alis, la particularité de pouvoir se déplacer sur de longues distances et de réaliser des missions côtières dans des zones éloignées. Il réalisera désormais des missions océanographiques de physique et de biologie dans l’océan Pacifique Sud-Ouest, de la Polynésie à la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Capable de déployer les véhicules sous-marins autonomes (AUV) côtiers de l’Institut ou le robot Ariane, il apportera cette capacité nouvelle fort utile, en particulier pour l’étude de la biodiversité. Soucieux de mettre à disposition sur la durée un navire régional neuf disposant de capacité étendues, l’Ifremer travaille actuellement avec l’IRD et les partenaires régionaux en vue de la construction et de la mise en service d’un nouveau navire semi-hauturier, qui viendra remplacer l’Antéa d’ici 5 ans. 

D’autres recherches pour les prochaines années

« Durabilité, responsabilité et restauration sont les trois mots qui guideront nos recherches dans les années à venir sur nos thématiques de prédilection en Polynésie que sont l’aquaculture et la perliculture », annonce le directeur du centre Ifremer du Pacifique. « Nous travaillerons ainsi sur la diversification aquacole, la santé des cheptels, l’adaptation des espèces aux changements globaux, l’impact environnemental de l’aquaculture et aussi sur des questions plus écosystémiques ».

Ces thématiques impliquent les personnels présents sur le site Ifremer de Tahiti mais d’autres sujets portés par l’Institut sont d’intérêt majeur pour la zone Pacifique tels que les ressources d’innovation biologique, les énergies marines renouvelables, le rôle de l’océan dans la machine climatique et la biodiversité, l’exploration de la colonne d’eau, la connaissance des volcans sous-marins actifs..., énumère l’Ifremer.  

Pour rappel, l’Ifremer s’est implanté à Vairao en Polynésie et à Saint-Vincent Nouvelle-Calédonie en 1970, pour débuter ses recherches en 1972. « Les premiers projets ont porté sur l’élevage des crevettes et des chevrettes (crevettes d’eau douce Macrobrachium rosenbergii), les moules, les huîtres tropicales et les poissons. La pêche thonière, les nodules polymétalliques et l’énergie thermique des mers étaient alors également au cœur des enjeux de recherche ».

Le programme ici