Stress et burnout des personnels soignants aux Antilles-Guyane : Que faire ?

©ARS Guyane

Stress et burnout des personnels soignants aux Antilles-Guyane : Que faire ?

Avec la pandémie de Covid-19, les études sectorielles réalisées concluent que 25 à 30% des personnels soignants souffrent de stress, sinon de burnout. Il y a quelques jours, une étude a été publiée par l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) sur la chronologie du stress pour les soignants des unités de soins intensifs. Ce document a été notamment réalisé par des urgentistes de Guadeloupe, de Guyane et de Martinique.

L’étude, dont la traduction française est « Burnout et état de stress post-traumatique, une chronologie néfaste pour les soignants des urgences et des unités de soins intensifs » (voir lien en bas de page), a reçu également le concours de deux médecins de Jakarta en Indonésie. Dans la lettre d’information de l’Agence régionale de santé (ARS) de Guyane, le professeur Jean-Marc Pujo, qui a contribué à la recherche, explique que « dans les hôpitaux, il n’y a pas de vraie stratégie de gestion du burnout. Quand on le constate, on dit « C’est pas bien ! » Le but de cette étude est d’avoir un score managérial, de valider un niveau de stress et les facteurs qui peuvent l’expliquer. » 

Le professeur Pujo indique que l’équipe a identifié six facteurs de stress, parmi lesquels la hiérarchie, l’environnement de travail et les conditions de travail. « En Indonésie, l’environnement de travail n’est pas un facteur pertinent pour expliquer le stress car la réglementation est très stricte. L’environnement de travail est donc très encadré », précise-t-il. « Alors que chez nous, c’est un joyeux foutoir ! Là-bas, la visite médicale est obligatoire tous les ans. Moi, ça fait trois ans que je suis à Cayenne, vingt ans que je suis dans les hôpitaux et je n’ai jamais passé de visite médicale. »

Anticiper et éviter le stress

Concernant les urgences-Samu de Cayenne qu’il dirige, Jean-Marc Pujo constate que « par définition, les urgentistes et les réanimateurs sont plus résilients. Ce qui pose problème, c’est la longueur de l’exposition. On a vu des gens qui ne renouvellent pas leur contrat. On fait face aussi à un refus d’obstacle de certaines catégories de soignants quand il faut modifier leur environnement de travail. (…) Il y a eu beaucoup d’absentéisme, renforcé maintenant par la contamination des personnels. »

Pour l’équipe de recherche, il est possible d’anticiper et d’éviter le stress, les burnout et les démissions en les mesurant. Elle a donc créé un outil spécifique pour les administratifs et les soignants consistant en un questionnaire à choix multiples, qui nécessite une dizaine de minutes pour y répondre. « L’anonymat est garanti. Nous avons déjà reçu 500 à 600 réponses sur l’ensemble des sites. Nous n’avons pas fixé de limite pour répondre au questionnaire mais nous espérons, d’ici à deux mois, avoir assez de matière pour réaliser une première évaluation », déclare le professeur Pujo.

► L’étude (en anglais) « Burnout et état de stress post-traumatique, une chronologie néfaste pour les soignants des urgences et des unités de soins intensifs » « COVID-19 outbreak: Burnout and post-traumatic stress disorder, a harmful chronology for health caregivers in emergency departments and intensive care units »

PM