Regards scientifiques sur le Covid-19 : Comment notre organisme combat-il le virus SARS-CoV-2 ? Par Ludivine Grzelak, Doctorante en Virologie

Regards scientifiques sur le Covid-19 : Comment notre organisme combat-il le virus SARS-CoV-2 ? Par Ludivine Grzelak, Doctorante en Virologie

Réalisées dans le cadre de la revue « Les Cahiers des Talents de l'Outre-Mer » de Yola Minatchy, présidente du Réseau des Talents de l'Outre-Mer, Outremers360 vous propose cette semaine les expertises de scientifiques ultramarins, livrant leurs regards et analyses sur la pandémie du Covid-19. Ludivine Grzelak, Doctorante en Virologie originaire de Nouvelle-Calédonie, explique ses travaux et les résultats de ces derniers dans la compréhension et la connaissance du Covid-19.

Le virus SARS-CoV-2 responsable de la maladie COVID-19 bouleverse nos quotidiens depuis son apparition en décembre 2019. Bien que ce virus soit nouveau, il ressemble au virus SARS-CoV responsable d’une épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2002 et 2003. L’épidémie était alors restée restreinte à l’Asie du Sud-Est et n’avait touché qu’environ 8 000 personnes.

Malgré cette propagation limitée, certains laboratoires ont cherché à mieux comprendre ce virus et les recherches menées depuis l’émergence du SARS-CoV ont ainsi pu être utilisées pour diriger les études sur le SARS-CoV-2 et accélérer la mise au point de moyens de lutte contre ce nouveau virus. Ceci souligne l’importance de la recherche fondamentale en virologie mais également dans toutes les disciplines. Nous ne sommes en effet pas forcément en mesure d’estimer aujourd’hui ce qui sera utile demain. 

Lorsque le SARS-CoV-2 a été découvert, je venais de commencer ma thèse sur un virus responsable d’une autre pandémie, le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH). Face à l’urgence de la situation épidémique et aux nombreuses questions qui se sont rapidement posées pour faire face à ce virus inconnu et à cette maladie, notre laboratoire de recherche a décidé d’étudier le SARS-CoV-2.

Comme la communauté scientifique a dû rapidement développer des outils pour étudier ce virus, nous avons créé un test fiable qui nous permet d’identifier des anticorps contre ce virus dans les échantillons de sang ou des prélèvements nasaux de patients. Nous étudions ensuite plus précisément ces anticorps. En effet, il est indispensable de comprendre quelle est la réponse des personnes infectées ou vaccinées contre le virus et contre les variants récemment apparus.

Combien de temps les anticorps produits suite à une infection persistent-ils ? Restent-ils protecteurs plusieurs mois ? Protègent-ils contre une nouvelle infection par un des variants ? Les anticorps produits après la vaccination sont-ils aussi performants que ceux produits après une infection ? 

Nous avons ainsi pu, au début de la pandémie, estimer la circulation du virus dans les écoles de la région de l’Oise, une des premières régions françaises touchées. Ceci a permis de montrer que la circulation du virus se faisait aussi dans les écoles et devait être prise en compte dans les mesures de contrôle. Nous avons aussi montré que les niveaux d’anticorps diminuaient plus rapidement chez les hommes que chez les femmes 6 mois après l’infection. De plus, les personnes qui n’ont pas de symptômes de l’infection ont des anticorps similaires à ceux des individus qui ont eu des symptômes pendant leur COVID-19.

L’enjeu actuel est maintenant d’étudier notre réponse immunitaire induite par le vaccin et son efficacité face aux nouveaux variants tels que le variant Omicron.

Ludivine Grzelak

Biographie :

Née à Nouméa, elle y a grandi et fait sa scolarité jusqu'au baccalauréat. Après une classe préparatoire en biologie à Paris, elle intègre l'École Normale Supérieure Paris Saclay. Elle est actuellement en Contrat spécifique Normalien pour une thèse en virologie à l'institut Pasteur.

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