Oudinot du pouvoir d'achat. Nouveaux contributeurs, produits et services, nouvelles enseignes : Le ministre détaille un BQP amélioré pour les DROM

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Oudinot du pouvoir d'achat. Nouveaux contributeurs, produits et services, nouvelles enseignes : Le ministre détaille un BQP amélioré pour les DROM

Le ministre chargé des Outre-mer Jean-François Carenco a présenté, ce jeudi, un Bouclier qualité prix « amélioré » et « enrichi », à l'occasion d'un « Oudinot du pouvoir d'achat » et à l'issue de négociations menées au niveau national, et localement par les préfets des cinq Départements et Régions d'Outre-mer.

Le périmètre est donc posé : la démarche « Oudinot du pouvoir d'achat » s'est essentiellement concentrée sur les chartes Boucliers qualité prix des cinq DROM, à savoir la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion et Mayotte. Dans ces territoires, les BQP ont été « élargis, adaptés aux habitudes de consommation et leur prix ont été au moins stabilisés malgré l'inflation, et le plus souvent diminués », par exemple de 5% en Guadeloupe, de 4% en Martinique, ou de 2% en Guyane.

Ainsi, le Ministère parle désormais de BQP+, « composé de nouveaux produits et services qui font l'objet d'une modération renforcée des prix ». Par exemple, en Guadeloupe et en Guyane, les produits de consommation courante et de bricolage y ont été intégrés, tout comme les forfaits mobiles puisque les opérateurs locaux -Digicel, Orange et Free-, font partie des nouveaux contributeurs. En Guadeloupe, les produits multimédias et automobiles font leur apparition. En Guyane, ce sont les forfaits vidange et révision de la climatisation qui y sont intégrés. Le BQP+ intègre également de nouvelles enseignes, notamment les commerces de proximités, supérettes, très présentes dans les îles du sud de l'archipel guadeloupéen, dépourvues de grande surface. Autre promesse : le renforcement de l'approvisionnement des enseignes en produits locaux.

Autre nouveauté, et à l'échelle nationale, les enseignes de grande distribution se sont engagées à augmenter la part des produits « marque distributeur », qui représentent actuellement 11% des produits dans les enseignes Outre-mer, contre 33% dans l'Hexagone. En Martinique par exemple, ces produits devraient bientôt représenter 30% dans la part globale de la liste du BQP+. Jean-François Carenco a aussi signé un accord avec Système U et Les Mousquetaires (Intermarché, Bricomarché, Netto ou encore Bricorama) afin de « fournir aux territoires ultramarins des produits au même prix que ceux livrés dans les magasins de l'Hexagone ». En d'autres termes, le prix d'un produit à sa sortie de centrale d'achat sera le même pour les DROM et l'Hexagone, sans toutefois prendre en compte les coûts liés à l'acheminement.

L'acheminement justement. Pour rappel, le groupe CMA CGM s'est engagé à effectuer une remise de 750 euros sur l'ensemble des conteneurs de 40 pieds à destination des Outre-mer afin de faciliter les démarches des prix. En Guyane, le groupe s'est aussi engagé à fiabiliser les dates d'escale au port de Degrad des Cannes, tandis que le Grand Port Maritime s'est engagé à limiter la hausse de la redevance marchandise à 1,7% en 2023 pour les produits de première nécessité, contre 3,2% sur l'ensemble des autres produits.

À Mayotte, le BQP a intégré « les opérateurs de l'amont de la chaîne logistique et portuaire ». Ainsi, Mayotte Channel Gateway, délégataire du Port de Longoni, s'est engagé sur une remise commerciale de 5 euros sur le tarif de nettoyage pour une durée de quatre mois, la compagnie TILT s'est quant à elle engagé sur une remise commerciale de 2% sur la commission transit et la livraison pour une durée de trois mois et enfin, la compagnie Transit Express Mayotte a concédé une remise de 15% sur la commission transit pour les conteneurs de produits BQP+ pour une durée d'un an.

Le rôle, ou plutôt « l'engagement » des collectivités territoriales, régions et départements, a aussi été souligné. Certaines ont notamment décidé une baisse de l'octroi de mer. C'est le cas par exemple de Mayotte qui, en amont des travaux liés à l'Oudinot du pouvoir d'achat, a baissé, voire supprimé l'octroi de mer sur 11 produits de grande consommation, pour une durée de six mois à un an maximum. En Guadeloupe, les négociations avec la Région se poursuivent pour la baisse de l'octroi de mer sur 33 produits. Il en va de même en Martinique. « On a voulu faire un effort collectif et dynamique » a expliqué le ministre Jean-François Carenco, soulignant l'implication des collectivités.

Si « les résultats territoriaux sont différenciés » à l'issue de ces travaux et négociations, ce sont tout de même « plus de produits » dont des services de téléphonie mobile, « plus de lieux » et plus de contributeurs qui sont mis en avant avec ce nouveau BQP censé lutter contre la vie chère et l'inflation. Si celle-ci, a rappelé le ministre, est moins forte que dans l'Hexagone, elle est toutefois plus importante sur les produits alimentaires et « s'applique sur des populations dont le niveau de vie est inférieur à l'Hexagone ». Ce BQP+ devrait être « renforcé année après année » assure le ministre qui rappelle avoir découvert le dispositif alors qu'il était en déplacement à La Réunion et a voulu, dès lors, « essayer de l'améliorer ».

À ce BQP+ s'ajoutent des mesures acquises de longue date dans ces territoires, comme une TVA plus faible. D'autres mesures, plus conjoncturelles, ont été prises récemment : le plafonnement de la hausse des loyers à 2%, l'augmentation de 5% de l'aide à la restauration scolaire, la revalorisation de 4% des prestations sociales ou encore, la franchise de dédouanement des colis en provenance de l'Hexagone doublée, passant de 205 à 400 euros, et l'indemnité carburant de 100 euros qui sera aussi mis en place dans les DROM. Enfin, si les Collectivités d'Outre-mer et la Nouvelle-Calédonie n'ont pas été évoquées cet après-midi, celles-ci ont bénéficié de l'aide alimentaire, comme l'ensemble des territoires. Un total de 19 millions d'euros sur l'ensemble des Outre-mer.

Sur l'aérien, le Ministère a confirmé une augmentation des moyens de LADOM, permettant de prendre en charge jusqu'à 50% du prix des billets d'avion, et d'étendre l'aide aux collectivités d'Outre-mer. Autre point, l'aide de l'État aux compagnies aériennes en difficultés, qui pourrait prendre la forme d'une restructuration du capital ou même d'un effacement ou d'une transformation de leur dette. En attendant, le Ministère chargé des Outre-mer a demandé à son homologue des Transports une « objectivation » de la hausse des prix des billets d'avion vers les Outre-mer.