La préfecture de Guyane a annoncé ce mercredi 12 mai un plan de confinement « thématique » à l’issue de la Cellule interministérielle de crise, alors que la situation sanitaire du département se dégrade. Les explications avec notre partenaire Radio Péyi.

Douze mois quasiment jour pour jour après le premier déconfinement, la préfecture annonce un confinement avec des mesures « thématiques » qui permettent de « limiter les contacts sociaux ». Après plusieurs heures de débat, en présence des autorités sanitaires, militaires et policières, mais aussi des élus et du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, en visioconférence depuis la Polynésie française, le préfet de Guyane a annoncé le retour du confinement en Guyane à compter de ce vendredi 14 mai. 

« Un confinement qui est l’expression d’une réduction des contacts sociaux [...]. Il est important d’anticiper et de prendre les mesures nécessaires au bon moment et d’avoir un pic qui mettrait les services en réanimation en grave tension au point où les médecins seront obligés de choisir entre qui doit vivre et qui doit mourir », a expliqué Daniel Fermon, sous-préfet en charge de la sécurité, de la réglementation et des contrôles. 

Un confinement « adapté » : écoles, administrations et entreprises restent ouvertes

Ce sont sans doute ces lieux qui étaient au cœur des discussions durant la réunion. Le maintien des écoles ouvertes était un point de crispation entre le préfet et les élus. Ces derniers auraient souhaité leur fermeture. « Une décision incompréhensible », nous souffle un maire. La préfecture explique cette décision : « C’est un point important pour la jeunesse du territoire compte tenu des échéances avec les examens. Dans le cas contraire, les parents seraient restés à la maison avec les enfants donc difficile de maintenir l’économie avec des nombreux postes fermés », a justifié Daniel Fermon. Un confinement bien différent de celui instauré en mars 2020 alors que la situation épidémique était nettement moins inquiétante en Guyane. « L'expérience des mesures qui ont fonctionné nous permettent de proposer ce type de plan de confinement aujourd'hui », déclare le sous-préfet.

Dans le détail, les administrations restent ouvertes « pour maintenir la continuité des services publics » tout comme les entreprises, les marchés et les commerces dit essentiels « pour éviter l'essoufflement de l'économie déjà éprouvée ». Le principal changement dans l’organisation de la vie de tous les jours est la fermeture des restaurants, des bars, des cinémas, salles de spectacle, théâtres et salles de sport. Les établissements sportifs ferment, les associations sportives arrêtent leurs activités. Des secteurs qui pourtant avaient décroché des dérogations pour maintenir leurs activités en appliquant un protocole sanitaire validé par la préfecture de Guyane. 

Ce nouveau confinement sera en vigueur à partir de vendredi 14 mai à minuit jusqu’au 30 mai partout en Guyane. Les déplacements pour motif professionnel devront être justifiés par une attestation de l’employeur. Pour les autres déplacements, des attestations seront téléchargeables sur le site de la préfecture. Le couvre couvre-feu en semaine de 19h à 5h est maintenu tout comme celui le week-end du samedi 19h au lundi 5h. 

Cluster à l’hôpital de Cayenne

« La situation sanitaire se détériore nettement en Guyane, fortement touchée par le variant brésilien, le taux d'incidence a doublé en un mois, le nombre de personnes hospitalisées dans les services de réanimation ne cesse d'augmenter », avait déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal lors du compte-rendu du Conseil des ministres ce mercredi. Les secteurs les plus touchés sont Cayenne et son agglomération, un bassin de 12 000 habitants avec un taux d'incidence monté à 485 pour 100 000 habitants la semaine du 2 au 8 mai, et un taux d'incidence atteignant 441 sur le secteur dit des Savanes comprenant la ville spatiale de Kourou. 

Les trois variants préoccupants ont été détectés en Guyane, principalement le brésilien V3 (ou P1 de Manaus) détecté pour 80% des prélèvements positifs depuis plusieurs semaines et le britannique (10 à 20%). Les cas de variant dit sud-africain restent isolés. Entre vendredi 7 et lundi 10 mai, 511 nouveaux cas ont été détectés en Guyane et 95 personnes atteintes du Covid-19 étaient hospitalisées mardi, dont 25 en réanimation. Dans un contexte local où la troisième vague entraîne une nouvelle hausse des contaminations, la défiance vis à vis de la vaccination persiste.

Un cluster de « 11 personnels du bloc opératoire de l'hôpital de Cayenne positifs au Covid-19 » a été détecté, a indiqué mardi à l'AFP une source proche des autorités sanitaires, confirmant une information du site Guyaweb. Selon l'hôpital de Cayenne, « 10 personnels du bloc » étaient positifs « jeudi matin » 6 mai, un chiffre depuis réactualisé à 11 par les autorités sanitaires. De source proche, ces professionnels de santé positifs « n'étaient pas vaccinés » et lundi « une soignante du bloc » concernée avait contracté « une forme grave » du Covid-19.

Au 5 mai, seuls 1 305 professionnels de santé en Guyane avaient reçu deux doses de vaccin, ce qui représente un taux inférieur à 20% des professionnels de santé et assimilés du territoire en comptant les personnels administratifs des établissements. A la même date, 3,46% de la population guyanaise (10 010 personnes) avaient reçu leurs deux doses de vaccins Pfizer-BionTech. La vaccination a pourtant été élargie en Guyane aux plus de 18 ans, sans conditions, dès fin avril.

Radio Péyi avec AFP.