La chanteuse guadeloupéenne Cynthia Abraham nous invite à « l'Unisson » dans son nouvel album

La chanteuse guadeloupéenne Cynthia Abraham nous invite à « l'Unisson » dans son nouvel album

Voix montante dans le paysage musical français, la chanteuse d'origine guadeloupéenne Cynthia Abraham, également multi-instrumentiste, nous propose son deuxième album baptisé "Unisson", comme une invitation à l'union, au rasemblement et à l'altruisme. Un album polyphonique plein d'originalité où s'entremêlent jazz, gwo ka, musiques du monde, chansons françaises et même chant lyrique. Avant son concert prévu le 26 novembre 2021 à Paris, nous l'avons rencontrée pour parler de son album, de ses choix musicaux et de ses aspirations. - Entretien -

« Je suis fière de cet album qui reflète ce que je suis aujourd'hui »

Pourquoi avoir attendu 6 années pour sortir ce deuxième album ?

J'ai effectivement sorti mon premier album "Petites voix" en 2015. Mais entretemps, il s'est passé passé plein de choses dans ma vie d'artiste puisque j'ai réalisé un EP avec le groupe Selkies en 2017, puis l'album "Abraham Réunion" avec ma fratrie de musiciens et des invités en 2020 et enfin j'ai sorti un album toujours en 2020 avec les Selkies intitulé "Incantations". Parallèlement, j'ai fait un certain nombre de concerts. J'ai donc été très occupée. Or, il me faut beaucoup de temps pour me mettre dans une phase créative. Et puis, il y a eu cette crise sanitaire qui finalement a été un moment pour me poser et faire naître "Unisson".

Le titre générique de votre 2ème album semble révéler deux lectures. On peut penser que vous voulez marquer votre différence en proposant un son unique ou cela peut être interprété comme un appel à se rassembler, à s'unir, à faire peuple ou société dans une période où les intérêts personnels, l'individualisme ou les égoïsmes ont tendance à être privilégiés au détriment de l'intérêt général ? Qu'en est-il exactement ? 

Pour moi, c'est vraiment un mot qui a vocation à rassembler. Il représente l'union et l'altruisme qui sont des aspirations pour créer un monde meilleur. Trouver l'unisson, cette vibration commune, les différentes parts de soi-même, avec autrui et avec le monde. Je pense que l'on a besoin d'union, de communion, de penser à l'intérêt général. C'est une période où l'on a d'autant besoin de cela. C'était vraiment important que cet album porte ce nom. En plus, j'adore la consonnance de ce mot. C'est une jolie métaphore pour incarner cette idée de l'union.

Cet album que vous avez entièrement conçu et réalisé est-il l'aboutissement de quelque chose ? Qu'avez-vous voulu démontrer en signant la quasi-totalité des compositions et en jouant à la femme orchestre ?

Je n'ai rien voulu démontrer de particulier. J'ai toujours aimé cette introspection du solo. Pour moi, c'était intéressant et joussif de m'essayer à créer des accords et des rythmiques en tant que chanteuse. Le concept de la femme-orchestre, c'est avant tout le plaisir de pouvoir faire ma petite cuisine toute seule et expérimenter des choses. C'est un laboratoire, une manière de me retrouver avec moi-même et de chercher comment utiliser la voix de manière originale. Elle a le pouvoir de raconter des histoires avec des mots et des sons.

Dans votre opus, vous mêlez allègrement et harmonieusement - doit-on dire – musique traditionnelle et rythmes modernes allant jusqu'à utiliser flûte traversière et ka guadeloupéen dans certaines compositions. Est-une volonté de définir votre identité et couleur musicales ou s'agit-il de faire une juxtaposition entre votre formation lyrique avec votre culture guadeloupéenne et antillaise ? Manière aussi peut-être d'élargir votre horizon musical ?

J'ai très peu de barrière dans la manière de créer mes morceaux. Il s'avère effectivement qu'il y a des mélanges. Pour moi,  c'est une force et une originalité et j'essaie d'être toujours un peu plus proche de ma sincérité et de ma créativité du moment. J'ai étudié le chant lyrique, le jazz, le gospel. J'ai une culture guadeloupéenne du côté de mon père. Je suis donc métisse. Cela a été une vraie démarche d'aller creuser dans cette culture guadeloupéenne et un réel plaisir. Mes parents sont musiciens de jazz et j'ai donc beaucoup baigné dans cet univers. C'est une évidence de mélanger tous ces styles parce que c'est ce que je suis tout simplement. C'est une volonté de définir cette identité qui est multiple et je suis très fière d'avoir réussi à le faire dans cet album.  

Vous avez choisi de chanter dans plusieurs langues, le créole, le français et l'anglais, mais aussi le russe, le portugais et même le xhosa sud-africain. Est-ce dans la perspective d'une carrière internationale ?

Non, pas spécialement. J'ai toujours aimé chanter dans plusieurs langues. Je ne parle évidemment pas toutes les langues couramment, mais j'ai toujours aimé imiter le groove des différentes langues. Chaque langue a vraiment sa manière de rebondir, de résonner, de faire vibrer les âmes et les corps. Chaque mot, chaque expression, chaque idée dans sa langue a une force différente. J'adore explorer tout cela.

Au final, pourrait-on dire que votre album est une curiosité musicale en passe de devenir une réussite musicale ?

En tout cas, c'est une réussite pour moi dans le sens où je suis très fière de cet album parce qu'il reflète ce que je suis aujourd'hui. Je considère que l'artiste est toujours en devenir, même si le doute fait partie de nous. Oui, pour moi, c'est une curiosité aboutie en tout cas pour cet album-là, dans cette idée-là de l'unisson au stade où je suis dans ma carrière et dans ma vie.  

Comment espériez-vous que le public accueille votre album ?

J'espère que cet album pourra faire du bien, qu'il procurera des émotions et des sensations agréables à tous ceux qui l'écouteront. Je l'ai fait avec beaucoup de coeur et beaucoup d'amour, même s'il s'est construit en dépit de nombreuses embûches et péripéties en raison de la période compliquée que nous connaissons aujourd'hui. J'espère cependant qu'il pourra faire danser, sourire et même pleurer, que les gens pourront passer par plein d'émotions. J'ai envie aussi qu'il soit reçu comme un message d'union car on a besoin de trouver "l'unisson" avec soi, avec les autres,  avec le monde. C'est le chemin d'une vie.  

Propos recueillis par E.B.

Cynthia Abraham

UNISSON

Nouvel album

Concert de sortie : 26 novembre 2021

Au studio de l'Ermitage – Paris – 20h30

Plus d'infos : cynthiaabraham.com