INTERVIEW. Gabriel Serville, président de la Collectivité territoriale de Guyane : « Nous allons joindre le geste à la parole »

Fraîchement élu et investi à la présidence de la Collectivité territoriale de Guyane, les 27 juin et 2 juillet derniers, Gabriel Serville s’est confié à la rédaction d’Outremers360 alors qu’il était de passage à Paris pour le renouvellement de l’association des Régions de France.

« Je n’ai pas encore tout à fait réalisé ce qui s’est passé le dimanche 27 », confie le nouveau président de la CTG qui assure toutefois se sentir « très bien dans ce nouveau costume ». « Ça a été une élection surprenante par rapport au score que nous avons réalisé » explique Gabriel Serville qui s’attendait à un écart plus serré avec le président sortant Rodolphe Alexandre. Selon lui, la différence avec son adversaire tient dans la « posture » : « celle du respect ». 

« C’est la posture de la parole qui fait sens parce que les hommes et les femmes qui vont l’incarner ont la capacité de tenir leur engagement vis-à-vis de la population et du gouvernement. Trop souvent nous avons souffert d’une politique qui parlait bien, mais qui n’arrivait pas à être constante dans la posture. Ce qui va changer à partir de maintenant, c’est que nous allons joindre le geste à la parole », a-t-il assuré. 

« Hisser la Guyane au rang de carrefour mondial pour l’excellence » : tel était le slogan de campagne de Gabriel Serville, rejoint à l’entre-deux tour des régionales par Jean-Paul Ferreira, maire d’Alawa-Yalimapo, et Jessi Américain. « Nous avons des pans d’excellence en Guyane. Il faudra travailler à ce que ce soit mieux connu, mieux identifié » assure Gabriel Serville qui cite la production locale, le spatial ou encore les recherches menées sur les plantes qu’abrite la forêt guyanaise.

Gabriel Serville assure aussi que « la Guyane a son rôle à jouer, au même titre que tous les Outre-mer », des territoires qui font de la France une puissance mondiale, souligne-t-il, et la deuxième en termes de ZEE. Des paramètres qui doivent permettre aux Outre-mer d’être « mieux compris et respectés par le gouvernement », insiste-t-il.

Sur sa feuille de route, Gabriel Serville a évoqué l’évolution du statut de la Guyane, « un outil qui doit nous permettre d’aller plus vite et plus loin ». « Il s’agit de suivre la progression, le cours normal des choses. Nous allons reprendre le travail là où nous l’avons laissé et ce sera à la population de dire si ou non elle est d’accord avec les préconisations que nous allons faire ». Une évolution qui passe aussi par la maîtrise du foncier guyanais, qui appartient « à 95% à l’État ». La question du foncier est récurrente en Guyane, et bien de ses prédécesseurs n’ont pu la faire évoluer. « Notre parole sera mieux prise en considération par l’État, et je vous garantis que cette question va évoluer rapidement, avant 2028 ».

Autre sujet prépondérant en Guyane : la filière aurifère et l’orpaillage illégal. À l’initiative de la commission d'enquête parlementaire sur l’orpaillage illégal, le nouveau président de la CTG entend mettre en œuvre les préconisations de celle-ci : une modification du cadre pénal, un renforcement des moyens militaires et une meilleure coopération régionale, avec notamment le Brésil et le Surinam. « Il faut qu’on soit en capacité de discuter avec nos voisins, mais il n’est pas question de tout accepter », souligne-t-il.

Gabriel Serville évoque aussi un « choc budgétaire, fiscal et démographique » pour la Guyane, des points de son programme développés dans son discours d’investiture. « Nous allons nous mettre au travail sérieusement » a-t-il Gabriel Serville, qui fixe déjà sa retraite politique en 2028.