Études de médecine Antilles-Guyane : Limiter les déplacements des étudiants en médecine, susciter l’attractivité, le projet de faculté de plein exercice avance

©ARS Guyane

Études de médecine Antilles-Guyane : Limiter les déplacements des étudiants en médecine, susciter l’attractivité, le projet de faculté de plein exercice avance

Rencontre entre le Pr Suzy Duflo, doyenne de l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) Santé des Antilles, avec les responsables des établissements publics de santé et de l’Agence Régionale de Santé (ARS) et les représentants du personnel hospitalo-universitaire de Guyane. Objectif, faire progresser le projet de faculté de médecine de plein exercice, avec l’ouverture d’une 2e année de médecine en Guyane et de la 4e année aux Antilles dès la rentrée 2023.

Réforme des études de 2e cycle, accueil d’externes dans les services et maquette de formation sont au cœur des discussions cette semaine dans le cadre des rencontres entre les acteurs du secteur de la formation en Santé. La question des déplacements est particulièrement étudiée, puisque les études sont partagées entre Guyane, Martinique et Guadeloupe. De cette problématique, en découlent plusieurs autres, telles que la manière d’assurer les cours, ou encore celle des lieux de stage.

C’est dans ce contexte que le Pr Suzy Duflo a notamment rencontré Clara de Bort, directrice générale de l’ARS ce mardi 9 août 2022, au côté d’autres rencontres avec des professeurs des universités – praticiens hospitaliers (PU-PH) de Guyane, et les responsables des trois centres hospitaliers publics, de Cayenne en début de semaine, de Kourou ce jeudi, et de Saint-Laurent-du-Maroni ce vendredi 12 août. Pour le Pr Pierre Couppié, responsable du département de formation et de recherche (DFR) Santé de Guyane, « il faut qu’on trouve les moyens de minimiser l’impact pour les étudiants ».

Jusqu'ici, le cycle de formation se déroule comme suit pour un étudiant Guyanais : première année de médecine en Guyane, deuxième et troisième année aux Antilles, puis le second cycle (4e à 6e années) dans l’Hexagone, avec la possibilité de revenir aux Antilles-Guyane afin d’y effectuer son internat. Or, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l’Inspection générale de l’enseignement supérieur et de la recherche (IGESR) a montré que seul un étudiant sur trois issus du premier cycle Antilles-Guyane ne revient sur ces territoires pour y effectuer son internat.

D’après le rapport, « avant de s’engager dans des études longues de médecine (9 à 12 ans), tous les étudiants des Antilles et de Guyane savent qu’ils devront quitter leur territoire, dès la seconde année pour la Guyane et la Martinique, puis pour les 3 années du second cycle qu’ils doivent effectuer en métropole (…) À l’issue du second cycle en métropole, les étudiants antillais et guyanais ne sont pas incités à choisir la région Antilles-Guyane pour effectuer leur internat, d’autant qu’ils n’ont aucune connaissance professionnelle du territoire, faute de stages préalables en nombre suffisant. De plus, ils ont souvent pu construire une vie professionnelle ou personnelle en métropole de sorte qu’ils ne jugent pas nécessairement comme favorables les opportunités professionnelles ou les conditions d’exercice offertes sur ces territoires. »

Pour parvenir à inverser cette tendance, plusieurs projets ont été lancés. Ainsi, sur le campus de Troubiran, les terrassements du futur bâtiment Santé ont démarré, tandis que, s’agissant des recrutements, celui de nouveaux PU-PH est « en négociation », selon le Pr Couppié. En parallèle, la Collectivité Territoriale de Guyane s’est engagée à financer cinq postes de chefs de clinique. Pour le Pr Duflo, « à l’échelle de la Guyane, c’est un énorme effort qui est fait. À titre de comparaison, la Collectivité territoriale de Martinique en finance quatre. Un CHU comme celui de Lille compte quinze postes de chefs de clinique financés par la région Hauts-de-France. Ces cinq postes, c’est une vraie contribution au développement de la santé en Guyane ». Un potentiel levier d’attractivité supplémentaire, puisqu'actuellement, parmi les internes des Antilles-Guyane, seul un sur six décide de s’installer dans les territoires à l’issue de sa thèse.

Le Pr Duflo poursuit concernant les stages prévus pour les étudiants du 2e cycle. « Pour les étudiants de 2e cycle, il y aura des stages sur les trois territoires. L’hôpital de Cayenne se met en position pour accueillir des externes dans ses services. Nous avons fait le point sur les terrains de stage possibles. Les chefs de service doivent désormais définir leurs capacités maximales d’accueil d’externes ». Autre problématique soulevée, celle des frais de déplacement. Sur ce sujet, le Pr Duflo rappelle que « c’est quelque chose qui a été discuté avec les deux inspecteurs. Les transports seront pris en charge. C’est résolu, d’un point de vue financier (…) mes interlocuteurs sont très intéressés. Il y a une volonté de fer. La directrice générale de l’ARS est très positive. Cela m’a rassurée ! »

Damien Chaillot