En Guyane, la surveillance des frontières est « un défi permanent » pour les services de l’État

Illustration ©Forces armées en Guyane

En Guyane, la surveillance des frontières est « un défi permanent » pour les services de l’État

Depuis mars 2020 et le début de la crise sanitaire, les frontières de Guyane avec le Surinam d’une part et le Brésil d’autre part, sont fermées et les contrôles ont été renforcés. Du 28 janvier au 12 avril, on compte près de 6 000 personnes refoulées sur la frontière Ouest et 1 854 personnes contrôlées sur la frontière Est. En début d’année, la préfecture a mis en place deux Task Force pour « quantifier ce travail » de surveillance et de contrôle et « et voir où sont les points d’efforts ». Les explications de Daniel Fermon, Directeur général de la sécurité de la réglementation et des contrôles à la préfecture. 

Les services de l’État en Guyane ont mis en place des Task Force pour la surveillance des frontières, pouvez-vous expliquer en quoi consistent ces groupes de travail ? 

La Task Force a été mise en place en début d’année, en rapport avec la crise sanitaire. C’était une façon, au niveau des frontières, d’avoir une stratégie d’ensemble sur tout le territoire en organisant les choses géographiquement. D’une part, il y a la Task Force Ouest, qui est un groupe interministériel d’acteurs entre la police aux frontières et la gendarmerie, qui patrouille sur le fleuve Maroni et d'autre part, la Task Force Est, sur l’Oyapock, avec les mêmes acteurs. Ces deux groupes sont renforcés par l’action de l’État en mer qui surveille les approches maritimes. 

Ces trois entités contribuent à la fois à l’analyse du renseignement, aux non-admissions des personnes qui cherchent à rentrer chez nous, au contrôle des personnes et embarcations et à aux saisies dans le cadre de l’orpaillage illégal, de la contrebande et autres matières dangereuses qui peuvent entrer sur le territoire. 

Qu’apportent ces Task Force par rapport à la fermeture des frontières actée il y a maintenant un an ?

La frontière est fermée depuis mars 2020. Une organisation avait été mise en place, axée sur le travail des différents services mais il était important de renforcer ce travail en début d’année, avec des bilans quotidiens et hebdomadaires qui nous permettent de quantifier ce travail, le suivre et voir où sont les points d’efforts mais aussi remanier le dispositif et demander la participation d’autres acteurs si nécessaire. 

Pourquoi les frontières de Guyane sont-elles si particulières, si complexes à surveiller ? 

Pour se représenter la frontière avec la Guyane et le Brésil, c’est comme si on demandait au service de l’État de protéger la côte littorale entre La Rochelle et Biarritz, soit environ 380 km, avec un fleuve de 2km de large, dans un milieu amazonien et très végétalisé. Pour les services, c’est un défi quotidien de patrouiller sur un fleuve qui connaît aussi les effets de marées et les intempéries. 

Pour les effectifs, c’est un défi permanent de pouvoir intercepter ceux qui cherchent à contourner ces contrôles car les gens cherchent à les contourner notamment par les approches maritimes. C’est un travail de coordination importante qui est mené depuis Cayenne entre les deux Task Force Ouest et Est, et l’action de l’État en mer.