De Fort-de-France à Nouméa, les manifestations contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale s'intensifient en Outre-mer

Manifestation contre le pass sanitaire à La Réunion © Clicano

De Fort-de-France à Nouméa, les manifestations contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale s'intensifient en Outre-mer

Plusieurs manifestations contre l'extension du pass sanitaire et l'obligation vaccinale se sont tenues à nouveau ce samedi 30 juillet dans plusieurs villes d'Outre-mer. Des mobilisations qui ont été organisées dans un contexte sanitaire fortement dégradé en Martinique et à La Réunion, des territoires qui ont  renoué avec des mesures de confinement et de couvre-feu.



Malgré la mise en place du reconfinement ce samedi, les Réunionnais ont été nombreux dans les rues de Saint-Denis et de Saint-Pierre pour protester contre la mise en place du pass sanitaire et, plus généralement, contre la gestion de la crise sanitaire. Un long cortège de 3000 personnes a marché dans les rues du chef-lieu, Saint-Denis avant de converger vers la préfecture de La  Réunion. Des heurts ont éclaté entre manifestants et policiers à l’issue de la manifestation à Saint-Denis. Dans un communiqué Jacques Billant « condamne avec la plus grande fermeté les violences qui ont été commises à l’encontre des forces de l’ordre durant la manifestation qui s’est déroulée aux abords de la préfecture ».

© RTL Réunion


Même mobilisation à Fort-de-France, en Martinique où plusieurs organisations syndicales avaient lancé un appel à manifester malgré la mise en place du confinement. Comme à La Réunion, les manifestants ont milité contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale, accompagnés de pancartes « Non au pass sanitaire». A l'instar de Serge Aribo, secrétaire général de l'UGTM Santé qui a indiqué à France Antilles Martinique:  Nous ne sommes pas dans un débat concernant la qualité des vaccins, mais dans un débat concernant l'obligation vaccinale à laquelle nous nous opposons. Il s'agit pour nous de rappeler aujourd'hui les principes fondamentaux qui sont écrits partout dans les accords internationaux : le droit humain doit être respecté, on ne peut introduire un produit dans le corps d'un homme ou d'une femme sans son accord préalable »

©RCI Martinique 


Sur l'ile voisine en Guadeloupe, environ 2 500 personnes se sont rassemblées à Basse-Terre, à l'appel des syndicats et partis politiques contre la vaccination obligatoire. A la tête de ce cortège, les pompiers qui sont également concernés par l'obligation de vaccination. «Cette manifestation est un message fort envoyé au Préfet et au Président du Conseil départemental Guy Losbar. Nous nous sommes hostiles au vaccin mai surtout à l'obligation vaccinale. Il est inadmissible que ce projet de loi qui impose des mesures de coercition sur les collègues pouvant aller jusqu'au licenciement, nous ne le supportons pas » a déclaré  Rudy Carrière, secrétaire général adjoint du syndicat FO Guadeloupe Sapeurs Pompiers au micro de RCI Guadeloupe.


A Nouméa ( Nouvelle-Calédonie), 300 personnes ont témoignéde leurs inquiétudes concernant la mise en application du pass sanitaire lors d'une marche pacifique menant jusqu'au Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Pour rappel, le pass sanitaire n'est pas en vigueur sur le territoire.

Une situation sanitaire fragile et dégradée

L'ensemble de ces manifestations contre l'obligation vaccinale et le pass sanitaire en Outre-mer interviennent dans un contexte où la situation sanitaire continue de se dégrader avec l'augmentation exponentielle du nombre de contaminations, des hôpitaux proches de la saturation mais aussi une couverture vaccinale très basse. En effet, selon une étude de Santé Publique France,  seuls 15,9% des Martiniquais sont complètement vaccinés au 28 juillet, en Guadeloupe, cette couverture vaccinale s'élève à 15,8% à la même date. A la Réunion, 29% de la population détient un schéma vaccinal complet.

En Martinique où trois patients Covid-19 ont été transférés vers l'Hexagone et à La Réunion, de nouvelles mesures  comme le  reconfinement et un couvre-feu ont été actés par les autorités de l'île pour limiter la circulation du virus sur ces territoires. Des renforts de militaires envoyés par l'Armée sont attendus dans les prochains jours. A La Réunion, le taux d'incidence atteint 350 cas pour 100.000 habitants et le taux de posivitité "grimpe à près de 10%", a détaillé Jacques Billant le préfet de la Réunion, estimant que «cette forte dégradation est annonciatrice d'un emballement épidémique que nous n'avons jamais connu jusqu'à maintenant». L'île renoue avec un confinement partiel en journée depuis ce samedi pour deux semaines, «renforcé d'un couvre-feu strict de 18H00 à 5H00». 

En Martinique, le nombre de cas positifs y est passé de 2.241 cas positifs la semaine dernière à 3.537 cas, selon la préfecture, et le taux d'incidence de 280 cas à 995 pour 100.000 habitants. «Freiner le virus apparaît d'autant plus urgent que la population martiniquaise est moins immunisée, globalement plus âgée, et donc plus fragile, que celle des régions où le Covid-19 a davantage circulé et où le taux de vaccination est plus important», a souligné le préfet Stanislas Cazelles lors d'une conférence de presse. En Guadeloupe qui a été récemment placée en état d'urgence sanitaire, la situation est surveillée de près après des indicateurs épidémiologique témoignent d'une reprise de la circulation du virus.