« 4 pour 1000 », une vaste étude autour du carbone contenu dans les sols de 7 territoires ultramarins

« 4 pour 1000 », une vaste étude autour du carbone contenu dans les sols de 7 territoires ultramarins

En Guyane, sur le dispositif forestier du Cirad à Paracou, un prélèvement de sol est réalisé pour mesurer les stocks de carbone du sol. ©V. Blanfort / Cirad

La Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique (CIRAD), l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), lancent un programme d’envergure sur deux ans, visant à partager les connaissances sur la séquestration du carbone dans les sols des Outre-mer français a indiqué le Cirad.

Le projet « 4 pour 1000 », initié par la France en 2015 lors de la COP 21, fait référence à une étude selon laquelle un taux de croissance de 0,4% (ou 4‰ ) de stockage de carbone dans les sols réduirait de manière significative la concentration de CO² liée à l’activité humaine. Si l’INRAE a lancé l’étude « Stocker du carbone dans les sols français – Quel potentiel au regard de l’objectif 4 pour 1000 et à quel coût ? » en Hexagone, c’est aujourd’hui une déclinaison de ce programme qui va s’étendre sur 7 territoires ultramarins : Guyane, Martinique, Guadeloupe, Réunion, Mayotte, Saint-Barthélémy et Saint-Martin.

L’objectif, à l’issue des deux ans d’étude sera de synthétiser et partager les connaissances sur le carbone du sol des territoires concernés autour de 4 axes majeurs. Le partage des connaissances entre ces territoires, les effets des pratiques agricoles et forestières sur les stocks de carbone dans les sols, les évolutions actuelles de ces stocks, et comment intégrer les démarches liées dans le cadre du Label Bas Carbone à l’Outre-mer.

Julien Demenois, coordinateur du projet, et chargé de mission « 4 pour 1000 » au Cirad, synthétise : « Notre consortium orientera ses travaux en fonction des questions des acteurs du monde agricole et forestier, et de leurs préoccupations pour gérer durablement leurs sols. Nos recherches doivent éclairer les usages et pratiques qu’ils souhaitent mettre en œuvre sur leurs territoires ».

Rassembler les connaissances et approfondir les recherches

Le CIRAD, l’INRAE et l’IRD sont déjà auteurs de plusieurs études afférant au carbone dans différents territoires ultramarins. Il s’agira donc de synthétiser et utiliser ces connaissances afin de compléter et d’approfondir les travaux. En Guyane, les 3 institutions ont d’ores et déjà mené une étude cartographique des stocks de carbone sur l’ensemble du territoire. Celle-ci a mis en évidence que les prairies issues de déforestation en Guyane fonctionnent comme des écosystèmes stockeurs de carbone dans le sol à condition de les pérenniser sur plusieurs décennies.

Aux Antilles, l’INRAE réalise, grâce à deux modèles développés par l’institut, des bilans carbone, incluant le carbone du sol, mais aussi l’anticipation des impacts des choix de systèmes de productions sur l’usage des sols. À La Réunion, le CIRAD et l’IRD ont mené des recherches sur les effets de l’usage des sols sur les stocks de carbones séquestrés, permettant la modélisation de ces stocks à l’échelle d’une parcelle, mais aussi le calcul d’émission de gaz à effet de serre.

S’inscrire dans la trajectoire Outre-mer 5.0

L’Initiative « 4 pour 1000 » veux favoriser la mise en place d’actions concrètes sur le stockage du carbone dans les sols par différentes méthodes, telles que agro-écologie, agroforesterie, agriculture de conservation et de gestion des paysages, entre autres. Elle rejoint ainsi l’ambition d’une transition vers une agriculture et une sylviculture productive, et résiliente, porteuse de développement durable. Une initiative qui s’inscrit dans la trajectoire outre-mer 5.0 promue par l’ancienne ministre des Outre-mer Annick Girardin : Zéro exclusion, Zéro carbone, Zéro déchet, Zéro polluant agricole, Zéro vulnérabilité.

Damien Chaillot