Dans une interview accordée au journal Les Échos, le Responsable des métaux industriel de Vale, Mark Travers, appelle à un « dialogue » sur l’avenir de l’usine de l’industriel dans le Sud calédonien. « Le temps presse et il devient urgent de trouver une solution », déclare-t-il.
« Pour trouver un accord sur la structure d’actionnariat, il faut bien un dialogue » a insisté Mark Travers dans cette interview au quotidien économique national. Mark Travers se dit préoccupé par « l’absence de volonté de dialogue de la part des indépendantistes », assurant que l’industriel brésilien est ouvert « à toute proposition dans le cadre du projet de reprise existant, le seul viable sur la table ». Et pour Mark Travers comme pour l’État, le seul et unique projet viable de reprise est celui présenté par le consortium Prony Ressources, avec la présence du négociant suisse Trafigura, au centre des tensions politiques.
« Trafigura, qui serait un actionnaire minoritaire, a un passé de négociant mais aussi d’opérateur de mines et d’usines, même dans le nickel comme en Finlande. Ils ont l’expérience nécessaire, la force commerciale et sont déterminés à respecter les engagements de durabilité », a assuré Mark Travers, qui balaye l’idée « de transférer les opérations à un repreneur qui ne serait pas capable de respecter les meilleurs standards environnementaux en Nouvelle-Calédonie où l’écosystème est fragile ».
Mark Travers a également expliqué les raisons du départ de Vale : « Après la catastrophe de Brumadinho en 2019, nous avons lancé une revue approfondie de nos actifs tant du point de vue de la sécurité que du modèle économique. Le groupe a décidé à ce moment-là de se recentrer sur ses actifs les plus stratégiques, à savoir le minerai de fer et le cuivre au Brésil, le nickel au Canada ou en Indonésie pour des raisons d’approvisionnement de nos raffineries. A l’inverse, Vale NC n’est pas pour nous un actif stratégique, malgré l’essor des voitures électriques qui alimente la demande en nickel ».
Il assure toutefois que l’usine calédonienne a commencé à transformer son modèle économique « et adapter l’usine pour produire du Nickel Hydroxyde Cake qui sert à la fabrication de batteries pour véhicules électriques ». « Nous avons aussi lancé le projet Lucy pour le traite- ment et le stockage sec des résidus miniers. Mais nous estimons à 3 ou 4 ans le temps nécessaire pour que le repositionnement soit pleinement achevé », a-t-il poursuivi, estimant « qu’un nouvel opérateur sera plus à même de s’y consacrer à temps plein pour que le projet puisse être mené à bien ».
« L’usine et la mine de Goro sont essentielles pour la Nouvelle-Calédonie, son économie, nos salariés et nos sous-traitants », rappelle Mark Travers, « nous sommes un groupe responsable et nous ne voulons pas partir sans trouver une solution durable pour l’avenir des opérations et de nos collaborateurs. Vale NC est sur la voie du succès pour devenir autonome mais a besoin encore de soutien financier important. Ce soutien, nous sommes prêts à l’apporter dans le cadre d’un projet de reprise solide tel qu’il existe aujourd’hui à travers le consortium Prony Ressources ».
Selon le Responsable des métaux industriels de Vale, « un accord est censé être signé en mars avec des jalons intermédiaires en février. On peut envisager de prolonger encore un peu les discussions, mais nous avons besoin d’avoir des signes positifs dans les semaines qui viennent. Le temps presse et il devient urgent de trou- ver une solution ». Si les négociations échouent, « l’usine sera mise sous cocon avec un dispositif de protection des actifs », prévient-il. « Nous faisons tout ce que nous pouvons pour favoriser la conclusion d’un accord sur la cession de Vale NC ».