Le président du gouvernement calédonien veut faire front commun avec la Polynésie pour transformer les prêts de l’État en subventions

Le président du gouvernement calédonien veut faire front commun avec la Polynésie pour transformer les prêts de l’État en subventions

Lors d’un débat au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, le président du gouvernement Thierry Santa a indiqué qu’il allait contacter son homologue polynésien Édouard Fritch. L’idée : faire front commun pour obtenir de l’État la transformation en « subvention directe » des prêts de 28 milliards de Fcfp (près de 235 millions d’euros) accordés via l’AFD à chacune des collectivités. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti

Décidément, la pilule ne passe pas à Nouméa. Au centre d’un débat houleux depuis plusieurs semaines, l’emprunt contracté par la Nouvelle-Calédonie auprès de l’Agence française de développement (AFD) a une nouvelle fois animé l’assemblée délibérante calédonienne, le Congrès, ce lundi. 28,5 milliards remboursables sur 25 ans, avec un différé de deux ans, le tout garanti par l’État… Le prêt calédonien, signé par le président du gouvernement Thierry Santa dès le 14 mai 2020, ressemble à s’y méprendre à celui qui a été signé par le président du Pays Édouard Fritch pour la Polynésie le 4 août.

Seules différences : un taux d’intérêt légèrement supérieur à Nouméa – environ 0.1% de plus attribué à des variations des taux de référence par l’AFD -, mais aussi des conditions beaucoup plus strictes côté calédonien, où le gouvernement s’est engagé, avant la signature, à lancer des réformes fiscales profondes dans les mois à venir. Durement attaqué pour ces concessions et sur un certain manque de transparence, Thierry Santa a expliqué que ces engagements ne constituaient que de simple « déclarations d’intention ».

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Mais surtout, le président calédonien a annoncé, après une question d’un élu indépendantiste, qu’il était prêt à « renégocier » ce prêt. Pas sur son taux, ou ses conditions, mais sur sa nature même. Nouméa caresse l’espoir de transformer l’emprunt en subvention de l’État. Et donc ne jamais avoir à le rembourser. Thierry Santa a même l’intention de demander à Édouard Fritch de faire front commun dans cette revendication. « Je vais lui demander de porter ensemble cette démarche », confirme-t-il devant le Congrès.

Édouard Fritch, « adhérent d’En marche » ?

Le président du gouvernement calédonien estime au passage que son homologue sera « peut-être » mieux entendu que lui à Paris « en tant que président de la Polynésie française et adhérent d’En Marche ». C’est aller un peu vite en besogne. Si Édouard Fritch bénéficie probablement d’une plus grande proximité au parti d’Emmanuel Macron que Thierry Santa -membre du parti Les Républicains-, le président de la Polynésie n’est pas, à l’heure actuelle adhérent de La République en Marche.

Le parti d’Édouard Fritch, Tapura Huira’atira, avait bien entamé des discussions pour un conventionnement avec LREM au cours de l’année 2019, mais ce partenariat n’a jamais été formellement signé. Et aucun des parlementaires Tapura n’est d’ailleurs membres des groupes LREM à l’assemblée nationale et au Sénat. Pour l’instant du moins. Édouard Fritch n’a pas souhaité commenter cette proposition de front commun. Si la perspective de passer l’éponge sur 28 milliards de francs de dette a de quoi attirer, la démarche pourrait être mal perçue à Paris, à l’heure où la Polynésie négocie toujours un « deuxième volet » d’emprunt garanti par l’État.

Radio 1 Tahiti.