Chute du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie après la démission des cinq membres indépendantistes

Chute du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie après la démission des cinq membres indépendantistes

Le gouvernement collégial de la Nouvelle-Calédonie est tombé mardi après la démission des cinq membres indépendantistes de l’exécutif, qui ont dénoncé « l’impasse et l’immobilisme » dans l’archipel, ont indiqué mardi dans un communiqué les chefs de groupes UNI et UC-FLNKS au Congrès calédonien.

Les indépendantistes des groupes UNI et UC-FLNKS et Nationalistes disposent de cinq membres de l’exécutif sur 11. Leur démission, ainsi que celle de leurs suivants de liste, entraîne de facto une chute du gouvernement collégial, élu par les membres du Congrès. Un nouveau gouvernement devra être élu dans un délai de 15 jours, selon le statut de l’accord de Nouméa (1998).

« Conformément aux dispositions de l’article 121 de la loi organique statutaire, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est démissionnaire de plein droit. Le Congrès doit donc procéder à l’élection d’un nouveau gouvernement dans un délai de quinze jours », a précisé le président de l’institution délibérante calédonienne, Roch Wamytan, membre du FLNKS. Outre les cinq membres indépendantistes, le gouvernement calédonien est composé de cinq membres du groupe Avenir en Confiance (non indépendantiste) et un membre du groupe Calédonie ensemble (non indépendantiste).

Dans un communiqué commun, Louis Mapou, chef du groupe UNI (Union Nationale pour l’indépendance) et son homologue de l’UC-FLNKS et Nationalistes, Pierre-Chanel Tutugoro, indiquent avoir « déposé conjointement » une lettre au président du gouvernement, Thierry Santa (Avenir en Confiance). « Les membres (indépendantistes) du gouvernement présentent leur démission », stipule cette lettre. L’information a été confirmée à l’AFP par des sources gouvernementales.

Les indépendantistes justifient leur décision en raison du « processus de vente » de l’usine de nickel du groupe brésilien Vale « qui fait primer les intérêts des multinationales sans considération des aspirations des populations locales, des autorités coutumières et de toutes les forces politiques ». La vente de cette unité industrielle à un consortium calédonien et international où figure le géant suisse Trafigura, pourrait aboutir le 12 février. Elle soulève un tollé dans la mouvance indépendantiste et a été à l’origine d’une flambée de violence en décembre.

Les indépendantistes mettent aussi en cause « le retard dans le vote du budget primitif » de l’île, qui a été reporté à mars, ainsi que « la dynamique institutionnelle en panne et le consensus qui est de moins en moins la règle ». « Les discussions entre les formations politiques calédoniennes et l’État sont interrompues. Les interlocuteurs au sein du gouvernement français ont changé et, par là même, le niveau d’écoute, d’attention et d’expertise sur le dossier calédonien », plaident-ils encore. « Nous décidons de prendre cette initiative politique pour donner une chance à la Nouvelle-Calédonie de sortir de l’impasse et de l’immobilisme dans laquelle elle est installée », ont-ils ajouté dans leur communiqué.

« Décision incohérente, irresponsable et dangereuse »

Selon le parti Calédonie ensemble (centre droite), « cette crise institutionnelle confirme l’incapacité politique de l’Avenir en Confiance à concrétiser le “choc de confiance” sur lequel il s’était engagé auprès des Calédoniens ». Le parti non indépendantiste « prend acte » de la démission des indépendantistes et « appelle à la formation d’un nouveau gouvernement dans les meilleurs délais eu égard aux urgences budgétaires, économiques et sociales auxquelles notre pays doit faire face ».

De son côté, le groupe non indépendantiste au Congrès l’Avenir en Confiance a dénoncé une « décision incohérente, irresponsable et dangereuse » qui « s’inscrit dans la politique de la terre brûlée menée par les indépendantistes depuis plusieurs mois dont le seul objectif est de détruire, quitte à menacer directement les emplois et le quotidien de milliers de familles Calédoniennes ». « Les indépendantistes bafouent la démocratie en tentant d’imposer par la force et la déstabilisation ce qu’ils n’ont pas réussi à obtenir dans les urnes », ajoute le groupe, faisant référence aux élections provinciales et aux deux premiers référendums.

La chute du gouvernement intervient quatre mois après le deuxième référendum sur l’indépendance du 4 octobre dernier, remporté d’une courte tête par les non indépendantistes (53,3%), face à une progression des voix pour l’indépendance (46,7%). Un premier référendum avait eu lieu en 2018 et un troisième est encore possible d’ici 2022, si 18 élus du Congrès calédonien en font la demande à partir d’avril. Les indépendantistes, tous groupes confondus, disposent de 29 sièges au Congrès.