« 1948. Mémoires de l’abolition de l’esclavage » : Les commémorations du centenaire de l’histoire de l’esclavage et de ses abolitions présentées au musée du quai Branly-Jacques Chirac jusqu’au 15 juillet 2024

©  Musée Quai Branly

« 1948. Mémoires de l’abolition de l’esclavage » : Les commémorations du centenaire de l’histoire de l’esclavage et de ses abolitions présentées au musée du quai Branly-Jacques Chirac jusqu’au 15 juillet 2024

Le musée du quai Branly-Jacques Chirac présente jusqu’au 15 juillet 2024 une exposition du centenaire de l’histoire de l’esclavage et de ses abolitions vu par le prisme de l’époque sous le titre « 1948. Mémoires de l’abolition de l’esclavage ». Une exposition qui vise à interroger les images et les discours qui s’élaborent autour de l’histoire des abolitions de l’esclavage lors des commémorations nationales en 1948.  

 

Autre temps, autre discours, serait-on tenté de dire pour expliquer le récit national ambiant de 1948 s’agissant de l’histoire de l’esclavage et de ses abolitions. Aujourd’hui, si le temps des mémoires s’attache à mettre en lumière les différentes étapes de la résistance et du marronnage des victimes de l’esclavage. Si ce temps de mémoire pense à honorer les personnes mises en esclavage et célèbrent leurs combats pour la liberté. Si l’esclavage colonial est montré sous son vrai visage, celui des violences physiques et psychologiques subies et codifiées. Si l’on montre que les révoltes qui en résultaient n’étaient pas marginales, mais qu’elles constituaient une constante dans le système esclavagiste colonial. Si, enfin, l’on considère qu’évoquer ces « résistances », s’apparente à un combat moderne en faveur de la liberté et de l’égalité de tous les êtres humains, on ne peut pas dire que ce fût le cas lors des commémorations qui ont marqué le centenaire de l’abolition de l’esclavage en 1948.

En effet, ces commémorations nationales par l’Etat français se sont principalement cristallisées autour d’un récit républicain symbolisé par la figure tutélaire de l’abolitionniste Victor Schœlcher, auteur du décret de l’abolition de 1848, en passant sous silence les résistances des victimes de l’esclavage et leur participation aux combats pour leur liberté. 

Ce centenaire s’est traduit par une volonté manifeste de construire dans le récit national la mémoire de l’abolition de 1848 autour de la figure centrale de Victor Schœlcher au détriment des victimes d’esclavage et de leurs descendants, dont la parole a été tue, sinon confisquée. Des esclavagisés et des Afro-descendants  qui, pourtant, étaient porteurs de multiples mémoires. Un Victor Schœlcher qui sera quelque temps plus tard à juste titre panthéonisé.

©  Musée Quai Branly

Une dichotomie flagrante entre la réalité historique et le récit national de l’époque

C’est cette dichotomie entre la réalité historique et le récit national de l’époque, cette négation de la résistance et des luttes des victimes de l’esclavage et de leurs descendants pour rétablir la vérité que s’attache à nous montrer cette exposition « 1948. Mémoires de l’abolition de l’esclavage ». Composée à partir des fonds du musée qui provenaient pour une grande part du musée colonial du Palais de la Porte Dorée à Paris entre 1931 et 1960, cette présentation vise à interroger les images et les discours qui s’élaborent autour de l’histoire des abolitions de l’esclavage à cette époque. Elle met à jour les tensions liées à la reconnaissance du passé esclavagiste et colonial, mais aussi les mémoires qui traversent les sociétés afro-descendantes.

©  Musée Quai Branly

En ce sens, cette exposition présente un intérêt historique certain, ne serait-ce que pour nous permettre de nous rendre compte des discours et des images véhiculées à cette époque et de mesurer le chemin parcouru depuis 1948, même s’il y a encore d’autres combats à mener et d’autres victoires à conquérir.

E.B. 

« 1948. Mémoires de l’abolition de l’esclavage »

Jusqu’au 15 juillet 2024

Musée du quai Branly– Jacques Chirac

37 quai Jacques Chirac

75007 Paris 

Renseignements : https://m.quaibranly.fr 

Tél : 01 56 61 70 0015